Stanislas Cotton nous livre une pièce courte, légère et grave à la fois, un conte de fées à l’envers ou de travers, l’histoire de Madame Pimprenelle, une très très vieille dame et de Monsieur Sigismond, un très très vieil homme. Ils vivent ensemble depuis longtemps. Mais la mémoire de Madame Pimprenelle fait des siennes et s’absente par moments pour aller dans l’Ailleurs. Elle s’imagine revenue au pays de ses 18 ans lorsqu’elle se sentait comme une princesse dans une grande salle de bal. Son mari lui devient étranger, elle le transforme alors en valet. D’autre fois, elle revisite ses 8 ans. Ce n’est qu’en mettant ses lunettes qu’elle découvre son erreur : elle n’est qu’une vieille peau qui pendouille de partout. Ce constat amène le cri. Et parfois la colère. Face à ce naufrage, Sigismond décide de se mettre à l’apprentissage d’une nouvelle langue car cela « stimule le bon fonctionnement de la tour de contrôle » et taquine les neurones. Il achète un manuel de langue sioux. Et c’est bien par la langue que cette pièce de Stanislas Cotton nous embarque. Une langue très ciselée qui reflète une pensée bousculée, pas de point dans les phrases mais des majuscules et des retours à la ligne qui donnent une rythmique singulière. La langue se déconstruit : « Quel âge est-il ? » ou « Ne pouretrais-tu me raider Laquais Quelle vache C’est qui C’est qui », demande Madame Pimprenelle. Mais elle se reconstruit aussi, différente, avec des airs de comptine d’enfance, comme si l’enfance et le grand âge se rejoignaient là aussi, dans la fabrication-construction-déconstruction de la langue. Et avec cette drôle de petite musique-là, Stanislas Cotton pose des questions graves, comme celle de l’euthanasie et de pouvoir choisir sa mort. « Do do Princesse Do / Princesse dormira bientôt. » Ce texte a été primé cette année dans le cadre des 24e Journées de Lyon des Auteurs de Théâtre.
L. Cazaux
La Princesse, l’Ailleurs et les Sioux
Stanislas Cotton
Éditions théâtrales, 42 pages, 11 €
Théâtre La Princesse, l’Ailleurs et les Sioux
janvier 2014 | Le Matricule des Anges n°149
| par
Laurence Cazaux
Un livre
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°149
, janvier 2014.