Ce bref opus de Marques de Souza est un livre dense et fort, digne du sprung rhythm de Hopkins, tant par sa tension syntaxique que par cette façon discrète de convoquer la hache sanglante de l’Histoire proche, dont la blessure ouverte des attentats de novembre… : « je regarde / l’arabe / de mon ventre / ce que peut être un noûn / quel signe cela peut-il être / un ba’tordu / de douleur / un ottoman dans le sens de la hauteur / vertical signe de sang / signe que la douleur / se reflète dans la mare de sang / sous mon menton ». Le noûn, 25e lettre de l’alphabet arabe, symboliquement attribuée à une personne d’origine chrétienne, que peut-il ici dire sinon que le « ventre est toujours / plus fort que la mentalité / et le ventre est doux, si doux / si légère la soie du ventre ottoman / et sur la langue / doux les plis de la chair ». Ainsi et revenu de loin « au soir je fus dans la plaine jonchée des combats / je fis disparaître les spectres (…) / je m’étendis parmi les herbes noircies ». E. L.
ÉNONCIATION DU VENTRE ARABE
DE RODRIGUE MARQUES DE SOUZA
Fissile, 20 pages, 5 e
Poésie Énonciation du ventre arabe
février 2016 | Le Matricule des Anges n°170
| par
Emmanuel Laugier
Un livre
Par
Emmanuel Laugier
Le Matricule des Anges n°170
, février 2016.