La rédaction Emmanuel Laugier

Articles
Des baies de cendres sans y penser
Nouvelle traduction de l’un des plus célèbres livres de John Ashbery, Autoportrait dans un miroir convexe se joue de l’art de l’ekphrasis pour exposer une méditation sur la représentation entre le visible et le lisible.
Il est exceptionnel que le livre d’un poète contemporain étranger se voit traduit une seconde fois : c’est le cas d’Autoportrait dans un miroir convexe, paru en version bilingue en 2004 (traduit par Anne Talvaz, aux éditions La Feugraie). C’est au titre atteint de classique que l’on suppose la nécessité de cette retraduction, le livre éponyme d’Ashbery étant devenu, en 1975, l’opus phare de l’œuvre ashberyenne (prix Pulitzer) et de la nouvelle poésie américaine. Ceci dit, Autoportrait dans un miroir convexe n’est pas le livre le plus emblématique d’Ashbery (1927-2017), mais un tour de...
Plan séquence minimal
Deuxième opus de Sarah Plimpton, Ciels singuliers scrute les aplats insaisissables de l’espace autant que ce qui fait barrage au regard. Une voix à l’os.
L’Autre Soleil (Le Cormier, 2009), premier livre de Sarah Plimpton (née dans les années 40 à New York) en français, dont chaque section fut traduite par six traducteurs différents (entre autres par André du Bouchet), donnait déjà le ton de cette poésie, qui emprunte à l’héritage de l’objectivisme américain la voie de la sobriété, de l’allusion et de la description : « la lumière/ torse/en...
L’empire de la langue
La revue Lignes, fidèle à sa démarche critique, propose un dictionnaire des mots du pouvoir pour rappeler le pouvoir des mots.
Les mots, le pouvoir qu’ils se donnent et qu’ils confisquent autant à ceux qui les emploient qu’à ceux qui s’en croient privés par illégitimité (les étrangers, les infans, les mutiques, les sans-voix dits sans-dents), exigent qu’on sache les employer avec discernement et justesse. En faisant qu’aucun abus de pouvoir ne sous-tende leur emploi, mais aussi sans que jamais quelque chose en eux ne...
Des livres
De l’oubli
de
Peter McCarey
Cette chose-là qui arrive
de
Russell Edson
Une bricole pour capter
Deux opus – d’un Écossais installé en Suisse et d’un Américain jamais sorti de son Connecticut – politiques, avec un air foutraque méchamment comique.
La barque sur laquelle L’Ours blanc traverse, en terre suisse, le Léman, avec ses petits livrets agrafés, de 36 à 52 pages, tout bien colorés et toujours affublés d’un ours gravé, s’est empesée de deux drôles de gus pour la livraison de ce printemps : les poèmes (De l’oubli) avoisinés de leur para-commentaire de l’Écossais Peter McCarey, et les proses loufoques et grotesques (Cette chose-là...
Où les solitudes se saluent
Avec K comme Kolonie, Marie José Mondzain signe un essai revigorant où, de Kafka à Baldwin, se vérifie combien la littérature permet de penser le biais stupéfiant d’une émancipation véritable.
Marie José Mondzain a écrit des livres exigeants et très documentés sur l’iconoclasme de la période byzantine, mais elle n’a jamais séparé son travail philologique et iconologique d’une approche critique et politique. Ses livres ont autant réfléchi sur les logiques de censure des images que sur le pouvoir qu’elles ont de lutter contre la confiscation qu’opère l’ultra-capitalisme sur le monde,...