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Domaine étranger Un petit coin d’euphorie

février 2017 | Le Matricule des Anges n°180 | par Lionel Destremau

Le Missouri de Matthew McBride grandeur nature : ses plaines, ses forêts, sa drogue et ses dealers.

Avec Frank Sinatra dans un mixeur (2015), Matthew McBride avait livré un premier roman à l’intrigue assez classique (autour d’un braquage qui tourne mal et d’un magot à retrouver) mais au rythme nerveux, mêlant humour de situations, violence sans concession et incroyable galerie de personnages déjantés. Soleil rouge ne déroge pas à la règle. Et la référence à la série Breaking Bad citée en quatrième de couverture vient évidemment à l’esprit quand on entre dans le vif du sujet, puisqu’au cœur du récit nous trouvons le comté de Gasconade, qualifié dans les années 90 de capitale mondiale de la méthamphétamine ! De fait, il ne s’agit pas d’un prof de chimie qui déraille comme dans la série TV, mais d’un coin rural du Missouri où cette drogue synthétique se répand partout dans la population, de l’ouvrier au cadre supérieur, voire aux agents de police. Ici, on trouve « des gens de la campagne unis par les liens du sang. Ils ne se fient pas à la loi et n’ont pas besoin du gouvernement », c’est un comté « truffé de ploucs qui cuisinaient de la méth partout où ils pouvaient ». Le shérif adjoint Dale Banks, 135 kg à la pesée, se rend chez Jerry Dean Skaggs, soupçonné de fabriquer de la drogue, pour l’arrêter. Il n’y a personne dans le mobile home pourri, en revanche il découvre plusieurs sachets de plastique contenant des liasses de billets… Comment résister à la tentation et ne pas s’emparer de ces 52 000 dollars ? Comment ne pas rêver offrir un avenir meilleur à sa famille ?
Skaggs est en affaire avec un ancien taulard, Butch Pogue, qui a paraît-il trouvé le Seigneur en prison, se fait appeler le Révérend, et dont la violence légendaire fait peur à tout le monde, y compris aux flics. Skaggs ne peut se permettre de se mettre Pogue à dos, et doit tenir son engagement de lui livrer les produits chimiques nécessaires à la fabrication de la meth. Il ne peut pas non plus se permettre de perdre son argent ; une partie doit servir à rembourser des dettes auprès de ses partenaires, dont un flic véreux… Sa seule option est donc de remettre la main sur le magot, et pour cela, il va devoir s’attaquer au shérif adjoint Banks. Et le choix de Dale Banks en second protagoniste n’a rien d’innocent. C’est un flic de base, un Américain moyen, avec ses problèmes de surpoids et de fins de mois difficiles. Ce n’est ni un flic sur la corde raide ni un ripou sans scrupule, c’est juste un homme, avec ses toutes ses faiblesses.
Ces deux axes permettent à Matthew McBride d’alterner des situations violentes et des scènes de compassion, d’intimité avec ses personnages, qui donnent corps au récit, servi par quelques dialogues bien sentis. En suivant le quotidien de Dale Banks, on assiste aux petits méfaits de tous les jours (excès de vitesse, délit de fuite, fugues de lycéennes, etc.), et celui de Skaggs nous livre toute la panoplie des déclassés du coin. Cette colonne vertébrale permet aussi d’ouvrir le champ de vision du lecteur sur une foule de personnages secondaires. Parmi ceux-ci, on trouve le portrait d’Olen Brandt, vieux paysan solitaire, qui s’occupe de sa terre comme il peut, ou celui d’Hastings, devenu flic faute de mieux, après avoir réchappé miraculeusement à des coups de sabots qui lui ont brisé le dos, mais vivant avec le lourd héritage d’un père lui-même adjoint de shérif mais profondément alcoolique…
Si l’on peut sans doute critiquer le choix de McBride de reprendre l’idée de son premier opus d’un magot déclenchant l’intrigue et ses développements, ce beau roman noir nous livre malgré tout, pour reprendre les mots de Donald Ray Pollock à son sujet, « une représentation fidèle de l’épidémie de drogue qui fait rage dans le Midwest ».

Lionel Destremau

Soleil rouge, de Matthew McBride
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Laurent Bury, Gallmeister « Néo Noire », 222 pages, 21

Un petit coin d’euphorie Par Lionel Destremau
Le Matricule des Anges n°180 , février 2017.
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