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Domaine étranger Vertige (de l’amour)

février 2017 | Le Matricule des Anges n°180 | par Martine Laval

L’écrivain italien Matteo Righetto chamboule la narration et les histoires d’amour, même celles qui finissent mal en général.

Dans les années quatre-vingt, on faisait semblant d’être heureux, on chantait sans illusions mais avec ardeur Les histoires d’amour finissent mal en général. Un tube électrique, obsessionnel, et radical : exit, déjà, l’espoir. Ces années-là, selon Matteo Righetto, « promettaient un avenir sans surprise : aisance matérielle, vie facile ». Le bonheur était évident, normal. Chimères. Au commencement, tout était dû aux amoureux Francesca et Luigi : « Ils commencèrent à ne faire qu’un seul corps. Nous commençâmes à ne faire qu’un seul corps. » Promis juré : ils se diront toujours tout et ne se mentiront jamais. La suite de l’histoire leur prouvera que non.
Changeant de registre narratif sans crier gare, sautant du ils au nous, du je au tu, ricochant du passé à une sorte de présent intemporel, enchâssant des situations les unes aux autres sans apparente chronologie, le jeune auteur italien électrise son écriture… façon Rita Mitsouko. Il impose un rythme survolté, oblige le lecteur à trépigner d’impatience tout en l’embarquant dans une désagrégation inéluctable, tout en jouant d’une sensualité irritante. L’amour s’engrisaille, oublie ses promesses. Tout doucement, presque imperceptiblement, l’harmonie s’efface, le « seul corps  » devient lourd comme plomb, puis se scinde, net. D’une déliquescence à un effondrement programmé (C’est comme ça chantait un peu plus tard les Rita Mitzouko), Ouvre les yeux fait le récit du désamour. Un désamour assumé, qui fait froid dans le dos. Ici, ni engueulades ni violences. Tout est simple : « Je t’ai regardée et j’ai senti que je ne t’aimais plus.  » Rideau, ou presque. Il y a une épine : le fils, fruit et symbole de ce seul corps désormais disloqué. L’adolescent – adoré, choyé, gâté, pourri mais gardé à la marge – un jour se lâche : « Vous ne vous souvenez même pas de l’endroit où nous avons été heureux ensemble tous les trois pour la dernière fois… » Devant cet aveu déchirant de celui qui incarne l’innocence, les parents gardent le silence.
Matteo Righetto ne donne pas le beau rôle à ce couple que rien ne semblait pouvoir atteindre, toucher au cœur. Mais la banale histoire d’amour a ses limites. L’auteur va surprendre un peu plus ses personnages (et ses lecteurs par la même occasion). Il les rudoie, va leur faire connaître le drame, le vrai. Dès lors, il accélère encore son récit, maintient ferme le suspense, ne fait qu’inscrire le couple maudit dans une autre histoire, une autre quête, celle, éperdue, du deuil, ou du moins, de l’apaisement. Le bonheur – ou le passé, ici, c’est la même chose – vit à jamais quelque part dans les Dolomites, ces montagnes, jadis lieu de villégiature. Matteo Righetto entraîne le couple dans un déluge de paysages et d’émotions vertigineuses. Ouvre les yeux devient ascension pour une rédemption. Et si la chanson n’avait pas tout à fait raison ?
Martine Laval

Ouvre les yeux, de Matteo Righetto, traduit de l’italien par Anne-Laure Gonin-Marquer, La dernière goutte, 176 pages, 17

Vertige (de l’amour) Par Martine Laval
Le Matricule des Anges n°180 , février 2017.
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