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Domaine français Chasseurs de fantômes

mars 2018 | Le Matricule des Anges n°191 | par Eric Bonnargent

Qui a vu Thomas Pynchon ? Les personnages de Nicolas Richard sont tous atteints à un degré ou un autre de pynchonmania. Ils témoignent.

Traducteur des deux derniers romans de Pynchon, Vice caché et Fonds perdus, Nicolas Richard connaît parfaitement l’œuvre de celui qui est considéré comme l’un des grands maîtres de la littérature contemporaine. Bien que son œuvre soit l’une des plus étudiées au monde, on ne sait presque rien de lui. Au lieu de rechercher un maximum de visibilité médiatique, l’écrivain américain a fait le choix de disparaître. On peut trouver çà et là quelques vieilles photos, on peut l’entendre dans deux épisodes des Simpson où il est représenté la tête dans un sac en papier, mais c’est à peu près tout. Il n’est donc pas étonnant de trouver en exergue de ce roman une citation tirée de La Disparition de Perec. Pynchon est un lipogramme. Il n’est d’ailleurs ici jamais nommé. Qu’un tel écrivain mette autant d’acharnement à fuir les regards engendre inévitablement une immense curiosité : « les gens s’intéressent à P précisément parce qu’en apparence il existe peu d’informations disponibles à son sujet. » Un peu à la manière de Roberto Bolaño dans Les Détectives sauvages, Nicolas Richard permet à plusieurs personnages, certains fictifs, d’autres un peu moins, de témoigner.
Il y a d’abord ceux qui n’ont pas grand-chose à dire mais qui nous amusent, comme celui qui sait avoir été présent en même temps que P dans une salle de lecture ou « le journaliste qui croit se souvenir d’avoir assisté à l’unique conférence de presse de P ». Il y a ensuite les personnages récurrents comme ces deux frères qui tournent un documentaire dont ils réécrivent sans cesse le scénario, « la bibliothécaire de l’Oregon » qui a eu une liaison avec P dans les années 80 ou « celui qui va trop loin », un homme qui pendant six ans a cartographié les moindres déplacements de P et qui, malgré l’épuisement de sa femme, continue d’enquêter, proposant à son mystérieux interlocuteur de lui envoyer des photographies et des renseignements sur tous les amis et les membres de la famille de P : « Je n’ai pas voulu vraiment enquêter sur le fils de P. Mais, si ça vous intéresse, je vous envoie lundi sa date de naissance, l’adresse des établissements scolaires où il a étudié, le nom des groupes dans lesquels il a joué, les coordonnées de son prof de musique. » Mais le fil conducteur est la correspondance de l’étudiante et du traducteur. Persuadée que P a été mêlé à des affaires d’espionnages, d’expérimentations gouvernementales sur le LSD, elle demande de l’aide à cet homme récalcitrant qui semble en savoir bien plus qu’il ne le prétend.
Le lecteur en apprendra finalement sans doute plus sur les obsessions de ces personnages que sur Pynchon lui-même dont l’image se dissipe peu à peu : « P apparaît comme un personnage hétéroclite, constitué de rumeurs souvent erronées ou incomplètes, mais aussi des souvenirs des uns et des autres. » Ce roman est aussi une dissipation dans le second sens du terme : par son humour et son intelligence, il est une parfaite distraction.

Éric Bonnargent

La Dissipation, de Nicolas Richard
Inculte, 189 pages, 17,90

Chasseurs de fantômes Par Eric Bonnargent
Le Matricule des Anges n°191 , mars 2018.
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