La Nuit où le jour s’est levé
C’est un curieux projet qui a donné naissance à cette pièce. Un projet porté par le Théâtre du Phare et son metteur en scène Olivier Letellier autour de la thématique de l’engagement, avec cette question : « comment survient cette mise en mouvement nécessaire, ce moment où l’on décide de faire le pas ? » Trois auteurs, Sylvain Levey, Magali Mougel et Catherine Verlaguet ont mélangé leurs mots pour faire entendre un récit de vie. L’on se plaît à s’imaginer petite souris assistant aux séances de travail autour de cette écriture à trois têtes et six mains. Et puis surtout, il y a cette très belle histoire vraie, une histoire incroyable et simple à la fois, où l’humain se dépasse et accomplit des choses inouïes. Dans le texte, deux courts passages en italique ressemblent aux traces du récit initial. L’un démarre ainsi : « Qu’est-ce que vous voulez que je dise ? C’est pas simple de parler de soi et de sa vie. En fait, ta question, elle est con… Si j’avais su ! Bah… j’aurais fait pareil ! J’ai pas soulevé des montagnes non plus, hein ! Quoique… » Au début de cette histoire, il y a un héritage pour Suzanne et son frère, à la mort de leur grand-mère. Suzanne décide de partir en voyage, de prendre du temps, de partir à l’aventure. Elle choisit une carte du monde, un caillou, ferme les yeux et lance son caillou sur la carte. Le Brésil, voilà la destination de son voyage. En sortant de l’aéroport, elle chemine au hasard. Le hasard et le destin se confondent parfois. Elle arrive dans un couvent en plein désert. Des femmes enceintes frappent à la porte de ce couvent, pour pouvoir accoucher et y laisser leur enfant. Cette nuit-là, Suzanne se retrouve à aider les sœurs à mettre un enfant au monde. Son cœur chavire. Elle ne parvient plus à trouver d’autre sens à son voyage que de s’occuper de cet enfant. Les montagnes vont se révéler plus hautes à escalader et plus dures à soulever.
C’est une histoire écrite très simplement, dans un mélange de récit et dialogues. Une histoire d’amour et de courage qui fait du bien à l’âme. Vraiment.
L.C.
La Nuit où le jour s’est levé
de Sylvain Levey, Magali Mougel, Catherine Verlaguet
Lansman éditeur, 46 pages, 11 €