auteur Antoine Emaz
A propos
Animal lucide
Lecteur de Du Bouchet et Reverdy, Antoine Emaz construit une œuvre sur les fondations d’une parole rare. Née au plus ras de la condition humaine avec En deçà, sa poésie mêle l’intime à l’universel. Sans illusion.
Coincé entre Luc Lang et François Salvaing, sur la scène de l’amphithéâtre du Petit Palais à Paris où se tient le deuxième colloque sur les « Enjeux contemporains » de la littérature, le corps d’Antoine Emaz symbolise à lui seul la place de la poésie dans les rayons de nos librairies. Ramassé, comme replié autour d’une parole de peu, l’homme répond parcimonieusement à l’universitaire qui interroge ses trois invités. Il ancre ses propos dans l’expérience intime d’un quotidien à la banalité universelle. Quelques mots à peine là où ses deux compères développent une pensée. Mais des mots qui,...
“ De l’air ! “
Ses poèmes sont des essais de marquer le temps perdu, d’en extraire une émotion enfuie. Si Antoine Emaz ne croit guère en la postérité de son œuvre, du moins est-il assuré de la nécessité qu’il a de l’écrire. Tentative de mise au jour.
Même si avec Lichen, lichen, il a prouvé qu’il savait parler de l’écriture poétique, Antoine Emaz se méfie de tous les discours qu’on peut faire sur la fabrique de poésie. C’est probablement que s’il pouvait dire l’indicible, il n’aurait plus besoin d’écrire. L’homme ne fuit cependant pas les questions ; c’est juste, peut-être, qu’il ne croit en aucune des réponses qu’il pourrait apporter....
Poèmes jusqu’à la corde
Peau continue d’explorer comment la surface des choses vient se coller à nos propres gestes.
Peau entrecroise sur plus d’une année des poèmes rangés en cinq entrées : « trop », « seul », « lie », « corde » et « vert » sont davantage des sortes de titres, plutôt des amorces et des poches où quelques expériences (de la fatigue, de la légèreté, de la boue, de la pauvreté, de l’usure, etc.) peuvent se classer. C’est pratique, certes, mais pas du tout futile chez Antoine Emaz ; bien au...
Ouvrages chroniqués
Caisse claire : Poèmes 1990-1997
de
Antoine Emaz
2020
De Caisse claire au livre posthume Personne, la même quête de sensible se poursuit : douce et lumineuse, la voix d’antoine emaz s’appuie sur un regard toujours au plus près du geste d’écrire.
Né en 1955 à Paris, Antoine Emaz est décédé en 2019 à Angers, où il vivait. Depuis les années 80, son œuvre désormais importante s’inscrit dans la lignée de poètes comme Reverdy, Guillevic, ou encore Du Bouchet sur lesquels il a mené également une réflexion de critique littéraire. Déjà édité en 1996, le poème intitulé Personne donne son titre à ce recueil qui vient de paraître. Conçus à plus d’une vingtaine d’années d’écart, quatre autres ensembles de textes diversement publiés entre 2017 et 2018 attestent d’une même exigence : écrire signifie bien patience, peine, doute et...

Personne
de
Collectif
,
Collectif
,
Antoine Emaz
2020
De Caisse claire au livre posthume Personne, la même quête de sensible se poursuit : douce et lumineuse, la voix d’antoine emaz s’appuie sur un regard toujours au plus près du geste d’écrire.
Né en 1955 à Paris, Antoine Emaz est décédé en 2019 à Angers, où il vivait. Depuis les années 80, son œuvre désormais importante s’inscrit dans la lignée de poètes comme Reverdy, Guillevic, ou encore Du Bouchet sur lesquels il a mené également une réflexion de critique littéraire. Déjà édité en 1996, le poème intitulé Personne donne son titre à ce recueil qui vient de paraître. Conçus à plus d’une vingtaine d’années d’écart, quatre autres ensembles de textes diversement publiés entre 2017 et 2018 attestent d’une même exigence : écrire signifie bien patience, peine, doute et...

Lichen, lichen
Illustration(s) de Anna Mark
de
Antoine Emaz
2003
Antoine Émaz rassemble une série de notes sur les rapports écriture/vie. Des expériences d’éclaircissement face à la confusion des temps.
Lichen, lichen est le premier livre d’Antoine Émaz qui ne soit pas un livre de poésie. Il inaugure le premier volume (il est accompagné de dessins d’Anna Mark), pour le compte des éditions Rehauts, d’une collection de textes à part, non destinés à la publication, en marge. Lichen, lichen est un carnet, une sorte de journal de bord, sans contrainte, sans plan, mais tenu au rythme régulier des soirs, des journées, des années… L’auteur confie, non sans quelques réserves, ou discrétion, que tout, chez lui, s’écrit sur ou à partir de carnets (on pense bien sûr aux petits carnets spiralés...

Soirs
de
Antoine Emaz
Présenté sous forme d’un journal tenu du 22 mai 1996 au 7 décembre 1998, Soirs révèle au moins une ambiguïté. En effet, bon nombre de poèmes, ici, pourraient n’être pas datés, tant ce qu’ils disent échappe à l’instant, ne marque nulle date. Le temps se compte en saisons et en climat. Il est un compagnon presqu’immobile, figé, mort (« on compte le petit tas d’heures// on est encore là/ donc on peut tenir demain/ un autre petit tas/ et ainsi de suite// ça devrait aller »). Le monde extérieur n’apparaît que peu (« deux trois voitures/ là-bas sur la petite route/ un frottement de pneus/ dans...

Fond d’Œil
de
Antoine Emaz
Antoine Emaz, dont Deyrolle a publié cet hiver Entre, écrit une poésie bornée. Et la qualifier ainsi signifie qu’elle répète en elle ce qui ne cesse de l’assaillir, et de la marquer : quelque chose insiste et fait retour en elle, parce qu’en face, dehors, il y a des choses qui font obstacle, quelque chose qui nous empêche de passer d’un point à un autre sans qu’il y ait un heurt, ou un incessant va-et-vient entre deux bornes. Chez Antoine Emaz, depuis Poèmes en miettes (Tarabuste), En Deçà (Fourbis) ou C’est (Deyrolle), ce sont des choses simples, jetées devant nous (ce peut être une...
Boue
de
Antoine Emaz
1997
Boue confirme, s’il en était encore besoin, la singularité et la force de la voix d’Antoine Émaz. Un écorché vif parle.
Toisième recueil d’Antoine Émaz publié par François-Marie Deyrolle (après C’est en 1992 et Entre en 1995), Boue s’oppose à une poésie contemporaine parfois trop expérimentale et difficile à déchiffrer. Car ce qui séduit d’abord, dans la voix d’Émaz, c’est sa lisibilité, sa transparence : « On va, tente d’aller. Difficile de trancher : on se déplace dans le même. On a bougé, c’est sûr, dans le même. Après des jours, on se dit : autant rester là. » Dès la première séquence (Boue en comporte dix-neuf), le poète travaille la phrase au corps, resserre le propos autour de son objet. Antoine...