auteur Gisèle Bienne
Ouvrages chroniqués
Les Larmes de Chalamov
de
Gisèle Bienne
2023
Approcher certaines œuvres ou certains écrivains peut parfois apparaître comme un défi impressionnant. Plus encore sans doute lorsque la création et le créateur composent comme un bloc insécable, une « vie-œuvre » imposante. Gisèle Bienne relève ici le défi pour nous offrir une sorte de tombeau (au sens littéraire ou musical du terme) pour Varlam Chalamov. Comme elle le fit pour Blaise Cendrars (La Ferme de Navarin, voir Lmda N°91), elle s’y efforce avec un mélange d’admiration et d’empathie, de délicatesse et – ici – d’effroi. C’est que Chalamov a tout du martyr, c’est-à-dire du témoin...
La Malchimie
de
Gisèle Bienne
2019
« Travailler fatigue », écrivait Cesare Pavese – aujourd’hui travailler tue. la romancière Gisèle Bienne accompagne son frère, ouvrier agricole, mourant d’une leucémie, et accuse les empoisonneurs.
Un homme se meurt, un homme qui était fort, s’était battu, durant toute sa vie, avec, contre, pour la terre qu’il cultivait, même si cette terre ne lui appartenait pas, un paysan, un résistant donc. Il meurt de ce pour quoi il a vécu, cette culture de la terre qui était sa culture, sa manière d’être au monde, de l’habiter. Il entretenait cette terre avec son énergie, sa sueur, son entêtement, mais aussi avec ces produits – chimiques – dont il était devenu impossible de se passer. Aujourd’hui c’est son corps qu’ils ont envahi et qu’ils détruisent peu à peu, alors que la médecine, elle,...

La Ferme de Navarin
de
Gisèle Bienne
2008
Les champs s’étendent à perte de vue, la terre, qui toujours fut ici ingrate, pouilleuse, est désormais un vaste cimetière, Friedhof, comme l’on dit en allemand, lieu de la paix ultime. Sitôt qu’on la remue, réapparaissent douilles, obus, lambeaux d’objets personnels - ou os. C’est l’hiver, il gèle à l’aube, l’horizon s’étend, nu et infini : la Champagne, la Somme, l’Argonne sont des lieux sinistrement inspirés. Gisèle Bienne va à la rencontre de ses morts : Cendrars, d’abord, mais aussi tous ceux, connus ou inconnus, qui ici durent souffrir, dans leur chair et leur âme, puis périrent ou...