auteur Guadalupe Nettel
A propos
Vue de mexico
Ancien directeur de la Casa Refugio de Mexico, le Français Philippe Ollé-Laprune est un fin observateur de la vie mexicaine et le meilleur spécialiste de sa littérature. On lui doit notamment des livres comme le roboratif Cent ans de littérature mexicaine ou Mexique : les visiteurs du rêve tous deux aux Éditions de la Différence.
Philippe Ollé-Laprune, quelle place Guadalupe Nettel occupe-t-elle aujourd’hui dans le paysage littéraire mexicain ?
En 2016 Guadalupe Nettel est considérée comme un auteur primordial de la littérature mexicaine contemporaine. Ses livres chargés...
Habiter l’autre
L’œuvre que la Mexicaine tisse peu à peu dans ses romans et ses nouvelles convoque une humanité sensible, souvent tourmentée, mais qui ose le dévoilement. Comme s’il fallait se mettre à nu pour, enfin,communiquer avec les autres, avec soi-même aussi peut-être.
On sort des livres de Guadalupe Nettel, qu’il s’agisse des très belles nouvelles de La Vie de couple des poissons rouges ou d’Après l’hiver, comme parfois on sort d’une séance de cinéma : avec le désir de maintenir vivace l’émotion qui s’est emparée de nous. Avec aussi la claire évidence d’avoir un moment vécu dans un monde qui existe bel et bien, qui est le nôtre tel qu’on ne l’avait pas vu,...
Une vie sans frontière
Figure majeure des lettres mexicaines, Guadalupe Nettel a toujours franchi les frontières. D’une enfance peuplée de fictions, elle a fait une œuvre d’une grande force, droite et lucide. Et ouverte.
Si elle réside officiellement en France, la Mexicaine Guadalupe Nettel semble avoir élu domicile dans le ciel, entre les ailes d’un avion qui n’est jamais le même. Alors que son nouveau roman, Après l’hiver (Después del invernio, prix Herralde 2014) vient de sortir, elle enchaîne les déplacements dans l’Hexagone, prend un vol pour Amsterdam, puis met le cap sur Mexico. Quand elle n’est pas à...
Ouvrages chroniqués
Après l’hiver
de
Guadalupe Nettel
2016
Avec une élégante finesse, Guadalupe Nettel dessine deux portraits de solitaires que la vie effraie. Et donne par l’écriture la force d’aimer ce qui advient.
C’est un roman d’une grande sensibilité qui laisse autant de sensations que le soleil dépose de reflets sur la nappe d’une rivière. Quelque chose de fragile et de puissant tout à la fois, insaisissable et fluctuant. Dans une alternance permanente deux narrateurs s’ouvrent à nous. Claudio, d’abord, qui apparaît d’emblée comme un cousin des personnages monstrueux de Guadalupe Nettel : l’homme s’enferme à triple tour dans une routine qui vise à lui épargner la présence des autres. Cadenassé à l’intérieur de son appartement ou de son bureau d’éditeur, Claudio ne connaît presque que la...

Les Jours fossiles
de
Guadalupe Nettel
Quoi qu’il arrive, laisser une trace : suçon sur le cou d’un mari volage, trace d’urine sur les cuvettes des toilettes d’un restaurant, rouge de la menstruation. Les personnages de ce recueil de nouvelles parlent avec leur corps. Enfermés dans leur solitude, privés d’expression, ils laissent à leurs sécrétions et aux marques physiques le soin de crier leur mal-être. Aux quelques initiés de déchiffrer ces messages codés, tabous et rejetés par l’éducation. Toute une discipline : « Je ne faisais que survivre à l’exhalaison fétide de la solitude et de l’enfermement, réfugié dans les odeurs...