auteur Valère Novarina
A propos
La langue en scène
Nourrie au creuset linguistique d’une terre frontalière, l’œuvre de Valère Novarina a d’abord trouvé le chemin des planches avant celui de l’édition. Aujourd’hui reconnu dans toute l’Europe, l’écrivain poursuit son cheminement dans le ventre des langues.
Il pourrait bien être l’homme de ce début d’année 2011. Depuis novembre, le théâtre de l’Odéon lui consacre un cycle dont le moment culminant sera la création de sa nouvelle pièce, tirée du livre qui paraît aujourd’hui : Le Vrai sang. À nouveau, Valère Novarina en assure le texte, la mise en scène et les décors. La pièce est jouée à l’Odéon tout le mois de janvier à partir du 5. Mais on peut aussi (re) découvrir Le Babil des classes dangereuses dont s’est emparé Denis Podalydès qui, le 24 janvier, réunira autour de lui une trentaine de comédiens. Du coup, les éditions P.O.L ressortent Le...
Le théâtre de la parole
L’Acte inconnu, nouvel opus de Valère Novarina, fait l’ouverture du Festival d’Avignon. La pièce, créée le 7 juillet, convoque tous les genres de la scène pour donner à entendre la fin de l’humanité.
C’est immanquable. Lire, même à voix muette, les pièces de Valère Novarina, c’est se projeter des images. Des images invisibles pour les yeux. C’est s’ouvrir des espaces où s’entrechoquent les surprises, les rires, les interrogations, une déferlante de sensations qui vont vite, disparaissent, reviennent. C’est entrer dans la matière sonore de mots qui sont parfois des néologismes, des...
Novarina, naissance par les gouffres
Les éditions P.O.L. publient L’Animal du temps et l’Inquiétude de Valère Novarina et les éditions Tristram proposent les mêmes textes, joués par André Marcon son acteur fétiche, gravés sur deux disques compacts. Rencontre avec un écrivain à lire et à entendre.
A propos de l’œuvre de Novarina Philippe Sollers écrivait dans le Monde du 22 août 1980 : « Je ne crois pas qu’on ait jamais rien exprimé d’aussi précis, d’aussi violent et lucide sur les techniques d’écriture (…) que le discours académique et le marché s’en défendent, rien de plus normal (…), mais l’art nouveau, l’esprit nouveau n’en continuent pas moins leur marche. Ars nova, ars...
Ouvrages chroniqués
Le Vrai Sang
de
Valère Novarina
2010
On le sentait venir. Depuis La Scène peut-être, Valère Novarina a fait de la communication un dindon de ses farces. Ses machines à dire venaient sur scène caricaturer les informations, les slogans, les communiqués. Sa conception de la langue, corps vivant, courant, souffle, s’opposait violemment à celle communément répandue aujourd’hui : la langue serait seulement un outil pour dire les choses. Le Vrai sang sort les griffes et s’ouvre avec un prologue, « L’Amour géomètre » qui fait figure de manifeste programmatique. L’enfant théorique y assène un art poétique très combatif : « Tout le...
La Loterie Pierrot
de
Valère Novarina
2009
Si l’habit ne fait pas le moine, il y contribue. Car cette nouvelle édition d’un texte déjà beaucoup retravaillé consiste en un appareil éditorial solide et soigné, de manière telle que le projet même de l’auteur s’y manifeste avec force. Format confortable, notes curieuses et abondantes, nombreuses photographies (de personnes citées) en noir et blanc, et textes périphériques éclairant l’esprit de l’entreprise, concourent à faire émerger aux yeux du lecteur les valeurs que Novarina défend et explore : le local, le particulier, le contingent. On y chercherait en vain une quelconque...
L' Opérette imaginaire
de
Valère Novarina
Parodique et clownesque, la nouvelle pièce de Valère Novarina s’inscrit cependant bien dans une œuvre qui pointe le néant où l’homme erre.
Plus que jamais peut-être, le théâtre de Valère Novarina pose le problème de sa publication en livre. Le lire est ardu, non pour la langue inusitée et monstrueuse de l’auteur mais parce que bon nombre de répliques jouent de l’ambiguïté. On connaît la voix plaintive d’André Marcon dans Le Discours aux animaux. Dressé par une langue qui le constitue autant qu’elle crée le monde, l’acteur est seul face au néant et face à Dieu. Avec L’Opérette imaginaire, il semble que Valère Novarina a pris de la distance vis-à-vis de ses personnages. Leurs voix ont beau élever leurs plaintes (« Ô ma mort,...
La Chair de l’homme
de
Valère Novarina
1995
Nommer c’est créer. Fort de ce credo, Valère Novarina convoque plus de trois mille bouches pour manger le monde tout en le créant. Gigantesque.
Il faut lire Valère Novarina à voix haute. Laisser le ventre, puis les poumons éjecter ces mots que lisent nos yeux. Il faut y aller franchement, comme on plongerait dans une piscine. Ne pas s’arrêter tout de suite au déchiffrage, à la quête du sens. Novarina écrit d’abord en rythmes, en sonorités. Ses phrases rebondissent de césures en rimes, d’alitérations en inventaires. Il faut s’y laisser prendre, s’y faire charrier, retrouver le mouvement d’une langue qui ne cesse de créer le monde.
La Chair de l’homme s’ouvre par une double énumération : celle d’abord de paroles lancées par des...
Le Repas
de
Valère Novarina
1996
Adaptation de son précédent livre, Le Repas de Valère Novarina convie les spectateurs à partager un menu gargantuesque et mystique.
Ils étaient neuf acteurs et actrices en novembre dernier au Centre Georges-Pompidou à créer, sous la direction de Claude Buchvald, l’adaptation pour la scène de La Chair de l’homme de Valère Novarina.Neufs comédiens pour bien plus de rôles, ou plutôt, de voix.Car dans le théâtre de Novarina, totalement dépourvu de psychologie,les personnages qui viennent s’exprimer ne sont guère des êtres.Plus abstraits que les figures beckettiennes, ils sont, avant tout, des organes à parler. « La Mangeuse Ouranique, Le Mangeur d’Ombre, La Mangeuse Onomate, Le Mangeur Longis » et avec eux « Jean à Dent,...