auteur Velibor Colic
A propos
L'impossible retour
Poussé par la guerre civile à quitter son pays, Velibor Čolić a épousé le destin de l’exilé éternel. L’écriture, seule, lui restitue une part du monde disparu. Mais avec l’accent de la blessure.
On peut voir, à Sarajevo et dans toute la Bosnie au moins, un phénomène étrange, probablement lié à une attraction plus forte de la Lune que presque partout ailleurs sur la planète : les hommes qui vivent là sont des géants. Et Velibor Čolić est un géant, lui qui est né en juin 1964 à Odzac dans le nord de la Bosnie à la frontière croate. Un ogre aussi si l’on en croit son nouveau livre, Manuel d’exil, écrit en français et publié chez Gallimard. Livre fragmentaire, comme l’était le très puissant Les Bosniaques, son premier publié en France en 1993. Le Bosnien était arrivé dans l’Hexagone...
Bibliographie
• Les Bosniaques, récits, Galilée, 1993 ; Le Serpent à plumes, 1994
• La Vie fantasmagoriquement brève et étrange d’Amadeo Modigliani, roman, Le Serpent à plumes, 1995
• Chronique des oubliés, récits, La Digitale, 1994 ; Le Serpent à plumes, 1996
• Mother Funker, roman, Le Serpent à plumes, 2001
• Perdido, roman, Le Serpent à plumes, 2005
• Archanges, roman, Gaïa, 2008
• Jésus et Tito,...
Plutôt que d’en pleurer
Mémorialiste d’un pays disparu, portraitiste de silhouettes sans nom, acteur burlesque de sa propre mémoire, Velibor Čolić bâtit les fondations d’un monde habitable où l’on peut parfois rire avec les morts.
L’homme est un filou, un roublard. Du haut de son mètre quatre-vingt-quinze ses yeux pétillent de malice et les premières réponses qu’il fait aux questions qu’on lui pose sont comme des retours de service gagnants. Elles fusent vite et cherchent tout de suite à déborder l’interlocuteur. On voit bien que, finalement, l’homme craint l’échange trop long : celui qui impose qu’on tombe le masque,...
Ouvrages chroniqués
Le Livre des départs
de
Velibor Colic
2020
Comme toujours écorché vif et débridé, il galvanise avec tendresse et humour l’autofiction. Et prend racine dans sa langue d’adoption.
C’est l’histoire d’un mec qui s’appelle Velibor Čolić. Il pèse 107 kg et mesure 1,95 m – chiffres énoncés dès la troisième ligne de son nouveau roman. Il poursuit les présentations, nous confirme qu’il est polyglotte, sait écrire en deux langues, le français (c’est vrai) et le croate. Il est aussi réfugié politique et donne au déracinement de superbes phrases, syncopées, jazzy : « Ma frontière, c’est la langue ; mon exil, c’est mon accent. J’habite mon accent en France depuis vingt-six ans. » Nous ne sommes qu’à la sixième ligne et déjà pressentons le meilleur : de la fougue et de la...

Jésus et Tito
de
Velibor Colic
2010
Dans une langue brillante, l’écrivain bosniaque Velibor Colic revient sur son enfance. Il nous transporte jusqu’au point de rupture du rêve de réunion des peuples slaves de l’ex-Yougoslavie.
Velibor Colic aime arpenter les trouées de l’Histoire, se glisser entre les interstices des données factuelles. Il dit que c’est là que se niche l’écriture, dans les creux ignorés des biographes. « Une seule évidence : la mémoire est aussi Histoire, sauf qu’on ne la vérifie pas. » Lui qui, dans Perdido, a su réinventer la vie du jazzman Ben Webster, et celle de Modigliani dans La Vie fantasmagoriquement brève d’Amedeo Modigliani, a décidé de remonter le cours de sa propre existence. Après Les Bosniaques, récit autobiographique écrit dans le vif des tranchées de la guerre de Yougoslavie,...

Archanges
Roman a capella
de
Velibor Colic
2008
En 2005, Velibor Colic nous confiait (Lmda N°67) qu’il souhaitait se détacher de la guerre de Yougoslavie, un conflit qu’il avait vécu en tant que soldat avant de déserter : « J’évoque notamment un sniper qui tire sur une fille de 5 ans. Quand on relate ce genre de choses, on se dit que le métier d’écrivain s’arrête là. Est-ce qu’on peut se lancer dans un long discours ? Non ». L’auteur bosniaque replonge pourtant dans cet enfer avec Archanges, écrit directement en français, et de quelle manière ! Velibor Colic y mêle l’horreur : « au moment où le Duc l’a posée sur le lit, elle était déjà...