La rédaction Anne Riera
Articles
Un livre
Le Monde m’était promis
de
Jean-Louis Serrano
Le silence des agneaux
Le pays n’est jamais cité, il est pourtant de ceux dont on souhaiterait qu’il n’ait jamais existé, dévasté par une guerre fratricide, les Casques bleus impuissants, à cheval sur le fil de la haine. De part et d’autre d’une colline, trois personnages murés dans leur solitude, le cœur et l’âme désertés. Trois monologues qui alternent en de courts chapitres. Une femme, pauvre lambeau de chair tuméfié, labouré. « La guerre a fait de nous des armes à retardement. Le plus fort a semé dans nos ventres des enfants qui finiront de nous tuer, plus tard. » Dans la ferme, en face, un homme. Le...
Le Timor revit
Cette île au loin, « jetée au bout du monde et laissée à l’abandon », c’est le Timor oriental. Maltraitée par le Portugal, sa « mère patrie », violée par l’envahisseur indonésien, déchirée entre factions rivales, ses blessures laissent échapper ses forces vives, hommes et femmes échoués sur les rives du Tage. Représentant à Lisbonne de la résistance étudiante de 1975, Luis Cardoso est de...
Un livre
Indian Killer
de
Sherman Alexie
Appel à la révolte
Outre-Atlantique, on les appelle pudiquement les "Américains d’origine", eux préfèrent les "Peaux-Rouges". Qu’est-ce qu’un Indien ? Réponse sous forme de roman.
Les Indiens sont sortis des franges grises dans lesquelles les cantonnait l’Amérique moderne ; ils ont pris la parole, empoigné l’écriture, la langue à bras le corps pour jeter à la figure de leurs lecteurs des romans dévastés par la colère et le désespoir.
Sherman Alexie est de ceux-là. Si son premier roman, Indian Blues, pouvait encore amuser en revisitant un rêve américain mâtiné de...
Un livre
Petite figurine en biscuit qui tourne sur elle-même dans sa boîte à musique
de
Gaëlle Obiégly
Désirs de Gala
Gaëlle Obiégly dresse le portrait en creux d’une jeune femme qui épie le monde et elle-même, perdue dans une solitude qu’elle se doit d’habiter.
Elle s’appelle Gala. Elle écrit depuis les taches d’ombres qui sommeillent au creux des rêves d’après-midi. Elle se raconte, lâche par hasard son prénom au détour d’une phrase, page 28, et s’escamote la page suivante ; le livre n’existe pas encore, elle ne l’anticipe pas, l’écriture est là, une évidence, un exutoire pour une douleur indomptable. Un long monologue, un ressassement, des...
Un livre
Electre à la Havane
de
Leonardo Padura
La mémoire de Cuba
Le jeune cadavre d’un travesti apparaît au chapitre deux. Le Conde fait la gueule, écrase sa clope. C’est lui le flic. Un flic façon Chandler, un écrivain raté, comme suspendu au bout d’un fil, « sans femme derrière lui et sans rien devant pour l’aimanter vers l’avenir ».
Cette petite pelote policière n’est qu’un travestissement parmi d’autres proposé par l’écrivain et journaliste cubain...