La rédaction Jérôme Delclos
Articles
Une marque allemande
De sa dérive urbaine sur fond de prostitution, Emmy Hennings (1885-1948) tire une brûlante quête de soi. Rude et mystique.
Au XVIe siècle sur le parvis d’une église espagnole, la prieure Thérèse d’Avila fit scandale en haranguant ses Sœurs aux mots de « Nous sommes les putains du Christ ! ». Elle avait fugué du foyer familial à 7 ans dans l’idée très romanesque de « se faire décapiter par les Maures », une seconde fois à 18 pour rejoindre un carmel mondain et peu cloîtré. Prostituée dans la Prusse de 1911, la jeune Emmy, pionnière du dadaïsme, elle aussi fugueuse à 18 ans mais pour suivre une troupe de théâtre ambulant, est une semblable rebelle. Et le début de son « Tagebuch » – un journal – attaque fort lui...
Cortège de la piétaille
Bien lié dans ses petites foulées, un hommage à la course de fond en amateur, par cyrille martinez. Une belle épopée ordinaire.
Une note liminaire introduit aux personnages du Marathon de Jean-Claude et autres épreuves de fond, ainsi qu’à l’intention de son auteur : « Sportifs sans couronnes ni médailles, auteurs de marathons secrets et d’exploits aberrants. Vous voilà, mes champions ». En quinze chapitres portant chacun sur une « épreuve », le livre de Cyrille Martinez nous entraîne derrière les coureurs et coureuses...
À crédit et en stéréo
Dans la catégorie des livres où l’on ne comprend pas tout, un bel essai sur Sade et Fourier.
Le rayon « Philosophie » se divise en deux : les livres où l’on comprend tout mais qui ne pensent rien ou si peu, et ceux où l’on ne comprend pas tout, mais qui nous donnent à penser qu’il nous faudrait poursuivre. Payer le mal à tempérament, de Simone Debout (1919-2020), appartient à la seconde catégorie. L’éditeur qui réédite ce texte paru en 1981 dans la revue de psychanalyse Topique...
Sur le théâtre des opérations
Fan de la Callas, Sophie Rabau nous livre avec Embrasser Maria sa biographie en trompe-l’œil. Bluffant.
Sophie Rabau, sorbonnarde, spécialiste de l’intertextualité à qui l’on doit L’Art d’assaisonner les textes, n’aime rien tant que « lire contre l’auteur », à la lisière de la théorie et de la fiction. Elle est aussi fan d’opéra, d’où Embrasser Maria, le premier titre de la collection « Les Audacieuses » des Pérégrines : « Des écrivaines mettent leur univers romanesque au service d’une...
Au train où vont les choses
Un très européen roman d’atmosphère, qui confirme Peter Cameron comme une voix majeure de la littérature nord-américaine.
Il y a deux trains qui roulent dans ce septième roman de Peter Cameron, celui de l’aller et celui du retour. Entre les deux, une semaine « dans un lieu à la lisière du monde, au fin fond du nord d’un pays nordique » : froid, neige et brouillard, un ciel toujours bouché. Là, quasiment dépeuplé de clients, un palace vieillissant à « la splendeur ténébreuse », le « Borgarfjaroasysla Grand...