La rédaction Jérôme Delclos
Articles
Une marque allemande
De sa dérive urbaine sur fond de prostitution, Emmy Hennings (1885-1948) tire une brûlante quête de soi. Rude et mystique.
Au XVIe siècle sur le parvis d’une église espagnole, la prieure Thérèse d’Avila fit scandale en haranguant ses Sœurs aux mots de « Nous sommes les putains du Christ ! ». Elle avait fugué du foyer familial à 7 ans dans l’idée très romanesque de « se faire décapiter par les Maures », une seconde fois à 18 pour rejoindre un carmel mondain et peu cloîtré. Prostituée dans la Prusse de 1911, la jeune Emmy, pionnière du dadaïsme, elle aussi fugueuse à 18 ans mais pour suivre une troupe de théâtre ambulant, est une semblable rebelle. Et le début de son « Tagebuch » – un journal – attaque fort lui...
Le sable y est
À enquêter sur un bâtiment vidé de ses habitants, Sophie Poirier construit et habite sa propre quête. Une belle architecture du temps et de l’intime.
L’anglais a une expression pour le tourisme de la désolation : le « dark tourism ». Charters pour Tchernobyl, le Rwanda, Fukushima, etc. On connaît aussi, prisée par les graffeurs, la mode underground de l’Urbex – « urban exploration » – qui consiste à crapahuter dans des friches d’usines, d’hôpitaux, de prisons, et autres lieux désaffectés et interdits au public. À le feuilleter trop vite,...
Thésée carabin
Drôle et érudit, un roman de médecin-écrivain peut-être plus futé qu’il n’y paraît.
Sachant Emmanuel Venet psychiatre, on suspecte le titre Virgile s’en fout d’être une contrepèterie, une énigme lacanienne pour cruciverbiste fou, ou une dénégation. De plus, l’alternance des chapitres autofictionnels avec ceux relatant des épisodes de la mythologie nous intrigue : il y est d’emblée question d’Ariane et de Thésée, on entre donc dans un labyrinthe. Fort de la conviction que les...
Un auteur
Première boîte à outils
Retrouvé soixante ans après sa rédaction, un texte du jeune Rosset à apprécier pour lui-même, ou comme le Meccano du philosophe.
Les Matins de l’esprit, manuscrit égaré et retrouvé à la mort de sa dactylographe peu après celle de Rosset, est d’abord, en 1961, une explication avec La Philosophie tragique, son premier livre, écrit à l’âge de 20 ans. Santiago Espinosa, dans sa préface, prévient que l’on n’y trouvera pas le ton de Rosset. C’est du Rosset d’avant Rosset, grave, emphatique parfois, presque hautain, et qui...
Un auteur
Le Sujet singulier
Clément Rosset laisse une œuvre foisonnante et plurielle. Trop souvent considéré comme un outsider, il reste à lire pour sa pensée décapante, mais aussi en tant qu’écrivain. Visite guidée avec Santiago Espinosa.
Traducteur en espagnol de Clément Rosset, de Hume, Cioran, La Mettrie, mais aussi d’écrivains comme Larbaud ou Pinget, philosophe dont le dernier titre, L’Objet de beauté (Encre marine), est paru en 2021, Santiago Espinosa, au titre de l’ayant droit de Rosset, veille sur sa mémoire et sur l’édition posthume de ses manuscrits déposés à la BNF.
Santiago Espinosa, vous venez d’éditer Les...