La rédaction Jérôme Delclos
Articles
Fièvre de cheval
Suivons Christophe Bier dans sa quête brûlante d’une collection érotique à l’inquiétante étrangeté.
Adolescent dans les années 1980, Christophe Bier avait certes lu des bandes dessinées fétichistes américaines. « Un monde de cuir et de métal existe où la souffrance excite les sens et où les corps se transforment en objets ». Mais là, dans une corbeille de livres bradés, c’est soudain autre chose, la vision sidérante de la couverture d’Attelages humains que, contre trois sous, il rapporte chez lui caché sous sa veste : « deux êtres, presque nus, attelés à un sulky dont on ne perçoit que des brancards. Ils sont chaussés de bottines en sabots de cheval, décorés de clochettes aux...
Cortège de la piétaille
Bien lié dans ses petites foulées, un hommage à la course de fond en amateur, par cyrille martinez. Une belle épopée ordinaire.
Une note liminaire introduit aux personnages du Marathon de Jean-Claude et autres épreuves de fond, ainsi qu’à l’intention de son auteur : « Sportifs sans couronnes ni médailles, auteurs de marathons secrets et d’exploits aberrants. Vous voilà, mes champions ». En quinze chapitres portant chacun sur une « épreuve », le livre de Cyrille Martinez nous entraîne derrière les coureurs et coureuses...
À crédit et en stéréo
Dans la catégorie des livres où l’on ne comprend pas tout, un bel essai sur Sade et Fourier.
Le rayon « Philosophie » se divise en deux : les livres où l’on comprend tout mais qui ne pensent rien ou si peu, et ceux où l’on ne comprend pas tout, mais qui nous donnent à penser qu’il nous faudrait poursuivre. Payer le mal à tempérament, de Simone Debout (1919-2020), appartient à la seconde catégorie. L’éditeur qui réédite ce texte paru en 1981 dans la revue de psychanalyse Topique...
Sur le théâtre des opérations
Fan de la Callas, Sophie Rabau nous livre avec Embrasser Maria sa biographie en trompe-l’œil. Bluffant.
Sophie Rabau, sorbonnarde, spécialiste de l’intertextualité à qui l’on doit L’Art d’assaisonner les textes, n’aime rien tant que « lire contre l’auteur », à la lisière de la théorie et de la fiction. Elle est aussi fan d’opéra, d’où Embrasser Maria, le premier titre de la collection « Les Audacieuses » des Pérégrines : « Des écrivaines mettent leur univers romanesque au service d’une...
Au train où vont les choses
Un très européen roman d’atmosphère, qui confirme Peter Cameron comme une voix majeure de la littérature nord-américaine.
Il y a deux trains qui roulent dans ce septième roman de Peter Cameron, celui de l’aller et celui du retour. Entre les deux, une semaine « dans un lieu à la lisière du monde, au fin fond du nord d’un pays nordique » : froid, neige et brouillard, un ciel toujours bouché. Là, quasiment dépeuplé de clients, un palace vieillissant à « la splendeur ténébreuse », le « Borgarfjaroasysla Grand...