La rédaction Martine Laval
Articles
Ni dieu, ni mec
Avec ses Chiennes de garde, Dahlia de la Cerda en met plein la vue – et même la gueule. Petit traité de féminisme et de survie dans la jungle mexicaine d’aujourd’hui.
Gare à celui qui osera encore dire que les filles sont des mauviettes ou des salopes, qu’elles n’ont que ce qu’elles méritent, à savoir coups, humiliations, viols. C’est fini. L’heure est à la relève sinon à la révolution. Dahlia de la Cerda brandit une littérature d’un genre nouveau, combine des mixes plutôt contraires : des coups de poing et de la tendresse, un parler populaire, vulgaire, bruissant tout chaud du macadam et une finesse d’esprit à faire crever de jalousie nos piètres penseurs. Les onze nouvelles de son recueil Chiennes de garde composent une sorte de roman, puisque les...
Ma ZAD de Jean-Bernard Pouy
Voilà plus de dix ans qu’il n’avait pas mis les pieds à la Série Noire, occupé à d’autres déambulations, d’autres productions éditoriales (Le Poulpe, entre autres). Jean-Bernard Pouy fait son come-back dans la mythique collection jadis jaune et noire et du coup lui redonne des couleurs vives, de la vigueur, du panache. Amoureux indécrottable de la littérature populaire, du roman noir, de la...
Ne me quitte pas
Abandonner sa langue maternelle, choisir le français pour écrire l’indicible, et ainsi donner vie au père enfui. Un premier texte tonique.
Les pères, c’est pas marrant. Un jour, ils disparaissent, ni vu ni connu, ils sont ailleurs, peut-être même ils meurent, allez savoir. Les pères laissent un grand vide, du silence ou des questions à l’infini, c’est du pareil au même. Les pères donnent naissance à des fractures, genre irrémédiable, truc qui ne cicatrise pas, et ils s’en foutent. Ils font de leurs gosses des canards boiteux, en...
Rêve général !
Pour sauver le monde – et son pays –, l’écrivain argentin redonne vie à l’imaginaire et le pouvoir aux livres.
D’abord, il y a le ton, léger, presque primesautier. Tiens tiens, se dit-on, enfin un roman joueur, qui respire en grand. Tiens, tiens, se dit-on encore, il est bien sympathique ce narrateur mélancolique en diable qui s’interroge sur son lit, vestige d’une nuit agitée : « Une pensée étrange m’a traversé l’esprit. Une idée qui semblait appartenir à un autre. Si quelqu’un pouvait lire, dans les...
Ancre noire
Ambiance crépusculaire, huis clos subversif, dramaturgie hallucinante : Polaris scrute la mémoire et met les nerfs à vif.
Polaris fait partie de ces lectures à hauts risques, de celles qui ébranlent tous les repères, malmènent jusqu’à la transe, et soumettent le lecteur, ce voyeur, de façon superbe. Nous voici ébranlés et total addicts. Polaris, premier roman traduit de l’Espagnol Fernando Clemot, plonge dans des lieux inconnus, méandres de la mémoire, enchevêtrements d’imaginaire, de fantasme, fouillent les...