La rédaction Richard Blin
Articles
Quand l'oreille écrit
Aventurier du calembour, explorateur de l’à-peu-près et grand jouisseur de mots, Jules Vipaldo conjugue le plaisir textuel à la jubilation de « l’ouïssance ». Le résultat est un livre érotico-poético-déconnant.
À tous ceux qui pensent que la littérature, l’écriture, c’est toujours sérieux, les lignes qui suivent ne sauraient convenir. Elles s’adressent plutôt à ceux qui, dans la lignée du Rimbaud aimant les peintures idiotes, les enluminures populaires, les livres érotiques sans orthographe et les refrains niais, ont parfois besoin d’être détournés de certaines habitudes du sens, ont besoin de fuir l’univocité et la clarté signifiante, de retrouver un peu de l’étonnement premier face à la présence nue des mots – leur forme, leur figure, leur matière – et de renouer avec le plaisir des yeux et de...
Un livre
Le je) de Léna
de
Carole Darricarrère
Nue sous la langue
Posséder, sentir, épouser l’intensité d’être, s’enfoncer dans la pulpe noire des soubassements de l’instinct, Carole Darricarrère, qui est née en 1959, à Abidjan, sait. Et assume. « Le poète n’a pas peur de ses émotions, ni de l’affection qui le lie au vivant. Le moi du poète est incontournablement lyrique et exalté, quand bien même il en aurait honte », peut-on lire dans Le (Je de Léna), son...
Un livre
Le Pli, la pluie et puis après
de
Lionel Destremau
Les mots collés à la peau
Entre reflets et empreintes, Lionel Destremau fraye son chemin de chair et de langue.
Du pli à la pluie des échos se répondent, une contagion s’amorce, tandis qu’avec et puis après s’esquissent les prémices d’une tentative de conjuration. Le Pli, la pluie et puis après, le premier livre de poésie publié par Lionel Destremau (par ailleurs cofondateur des éditions Prétexte), propose en deux parties formées chacune de quatre sections des poèmes serrés, compacts, comme enkystés...
Un livre
Quelle est la nuit parmi les nuits
de
Vénus Khoury-Ghata
Étoiles égorgées
Chez Vénus Khoury-Ghata le noir est noir, les « anges brûlent leurs ailes pour se réchauffer », on met dans le même trou « le bébé mort les larmes du cerisier et l’alphabet » tandis que « l’arc-en-ciel a bu l’eau du bénitier ». Un noir sans fond, une mort omniprésente, à l’image de son Liban natal, de sa terre violée, déchirée par les luttes fratricides qui l’ont livrée à ses ennemis...
Un livre
L' Adoption du Système métrique
de
Jacques Réda
Le souffle du patineur
Le temps qui passe, les faubourgs, l’enfance, l’insaisissable beauté, Jacques Réda y écorche son âme… dans la lumière du vent et au rythme des Nombres qui nous gouvernent.
Le ton Réda, la marque Réda, c’est peut-être une façon de disparaître dans la voix de ses poèmes. La voix, c’est l’écriture, l’ombre vive du travail silencieux de l’écriture, un mode singulier d’élocution, une forme et une formulation dont l’arrangement et les variations rythmiques sont à l’image du grand glissement universel qui emporte nos vies comme il emporte et emportera tout ce qui...