La rédaction Valérie Nigdélian
Articles
Une révolution amoureuse
Penser ensemble lutte des classes et lutte des sexes ? Un portrait tout en nuances d’Alexandra Kollontaï, figure féministe centrale et singulière de l’Union soviétique naissante.
En 1970, le monde aura suffisamment changé pour que les mots de « propriété privée », « guerre », « faim » ou « monnaie » n’aient plus de sens. L’État, ayant achevé son processus de dissolution, aura laissé place à une fédération de communes auto-organisées où régnera l’égalité, sans riches ni pauvres, sans dominants ni dominés. La cellule familiale bourgeoise ayant fait long feu, hommes et femmes y vivront selon leurs règles et désirs, au gré de libres combinaisons amoureuses et érotiques…
Nous sommes en 1922 quand « celle qui fut la plus authentique représentante du féminisme...
Sous les mots
De 1932 à 1947, autour de la pierre angulaire du fascisme italien, les nouvelles d’Elio Vittorini interrogent l’énigme cachée derrière le langage.
Pour la première fois traduits en français, la vingtaine de textes qui composent Les Hommes et la Poussière donnent à voir l’intégralité des nouvelles que Vittorini écrivit dans les années 1930 et 1940. C’est un recueil fait d’éclats – éclats de sens, éclats de langage, sous une lumière nostalgique, souvent onirique. Un univers profondément énigmatique qui se déploie autour d’une parole tue,...
Premières armes
On en espérait la réédition : Gallimard publie le tout premier recueil d’essais de James Baldwin dans une nouvelle traduction de Marie Darrieussecq.
C’est l’occasion de se plonger à nouveau dans la langue dense, sûre et subtile de James Balwin, et de remonter le temps avec lui jusque dans les années 1950, de l’autre côté de l’Atlantique, en pleine ségrégation. Écrits pour diverses revues entre 1948 et 1955 – date de leur publication en volume aux États-Unis –, ces essais imposent un jeune romancier noir de 30 ans (La Conversion et La...
Lignes de fuite
Autour d’une délicate évocation d’Édouard Levé et de leurs années communes d’aspirants artistes, Bruno Gibert déploie avec Les Forçats une belle réflexion sur l’art, l’échec et la liberté.
C’est une histoire d’amitié, celle de deux enfants de la petite et grande bourgeoisie qu’unissait une même aspiration : devenir artiste. C’est une histoire de tâtonnements, de projets compilés tel « un bloc de possibilités » (Levé, Suicide), de toiles brûlées. D’errances et de déambulations dans le Paris des années 1990, des Batignolles jusqu’au Marais, asphalte arpenté le regard avide –...
L’avenir de l’homme
Naturaliste ? Militant ? Féministe ? Le deuxième roman d’Hélène Zimmer plonge à corps perdu dans le Paris anarchiste du début du siècle dernier.
Où tu vas ? (…) – Paris. – Quoi faire ? (…) – Rien… (…) – Qui rejoins-tu ? – Personne. » Elle fuit, Zulma. Un bébé accroché à son sein, elle fuit l’esclavage agricole et la concupiscence des petits patrons de ferme. Derrière elle, une grange crasseuse au pied des montagnes, « le dos tassé de sa mère ». Devant, son chemin à tracer, sa liberté à inventer dans le mystère grouillant de la...