La rédaction Valérie Nigdélian
Articles
Une révolution amoureuse
Penser ensemble lutte des classes et lutte des sexes ? Un portrait tout en nuances d’Alexandra Kollontaï, figure féministe centrale et singulière de l’Union soviétique naissante.
En 1970, le monde aura suffisamment changé pour que les mots de « propriété privée », « guerre », « faim » ou « monnaie » n’aient plus de sens. L’État, ayant achevé son processus de dissolution, aura laissé place à une fédération de communes auto-organisées où régnera l’égalité, sans riches ni pauvres, sans dominants ni dominés. La cellule familiale bourgeoise ayant fait long feu, hommes et femmes y vivront selon leurs règles et désirs, au gré de libres combinaisons amoureuses et érotiques…
Nous sommes en 1922 quand « celle qui fut la plus authentique représentante du féminisme...
L’art du déséquilibre
Combat contre la page blanche, contre soi, contre la folie ? Au croisement de la littérature, de la psychanalyse et de la philosophie, Évelyne Grossman interroge les rapports qu’entretient la crise avec le processus créatif.
C’est un des grands mythes attachés à la création – qu’elle soit littéraire, picturale, musicale ou autre. Un mythe à la dent dure, dont les relents romantiques nourrissent à l’envi des vocations souvent boursouflées. Littéralement, un poncif : l’artiste en prise avec la panne, le manque d’inspiration, le silence des anges, contraint dès lors à une périlleuse traversée du néant. Mais néant...
Aux vaincues
Réédition du premier roman de Nathalie Léger, un étrange paysage de ruines où la photographie révèle toute sa puissance spectrale.
Avant le très remarqué Supplément à la vie de Barbara Loden (2012) ou La Robe blanche (2018), il y a eu L’Exposition (2008), que les éditions P.O.L rééditent en poche. Comme eux portrait d’une femme défaite – ici de l’« immobile et féroce » comtesse de Castiglione, là de la cinéaste Barbara Loden ou de la performeuse Pippa Bacca –, L’Exposition est né d’une fascination – « énorme et...
La nuit remue
Avec Citizen, Claudia Rankine décrypte les signes du refoulé de l’histoire raciale et de son retour douloureux dans la société américaine.
Scène nocturne. Un arbre. À son pied une foule rassemblée. Parmi elle, un homme pointe le ciel du doigt. Certains regardent l’objectif du photographe, d’autres ont le visage tourné vers l’obscurité que l’homme désigne. Pourtant il n’y a rien, rien que du noir. Cette image d’archives, datée du 30 août 1930, s’intitule Lynchage public. De cette nuit d’horreur, il ne reste rien, rien sinon les...
De l’impur
Roman initiatique ? Épopée ? Le premier roman de Pierre Chopinaud souffle son « verbe de feu et d’or » sur la guerre, la race et l’universel.
Hors cadre, hors norme. Ou plutôt définissant les siens propres, ce par quoi s’impose l’évidence d’une œuvre. Il aura fallu quatre ans d’écriture, auxquels s’est ajoutée plus d’une année de révision du texte, pour amener le petit millier de pages produites aux quelque six cents que forme aujourd’hui ce massif premier roman. Enfant de perdition de Pierre Chopinaud est une sorte de monstre, à...