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Avec la langue
La chronique de Gilles Magniont
Les articles
Un peu plus près des étoiles
Avec vingt ans d’avance, la troupe Gold avait trouvé la formule de l’art contemporain.
La trentaine détendue fait danser ses enfants au rythme des djembés, les chapelles ruissellent de mises en voix, Mathilde Monnier reprend du rosé : voici venue la saison du spectacle vivant. Mais les joies du live recouvrent le verso non moins solaire des festivals : le Programme, prose dédaignée comme la servante qui n’aurait d’autre rôle que de nous mener à sa maîtresse, la représentation. Or c’est dès les rives du rédactionnel que le désir d’art peut être comblé, en témoignent les deux cents grammes d’Avignon 2008, œuvre en soi dès son premier paragraphe. Valérie Dréville « ne veut pas...
Kai, Kai !
Un coup de morphing verbal, et deux visages n’en font plus qu’un.
KArsher », « CAIllasser », « RaCAIlle » ! Avis aux étudiants, il y aurait une bonne thèse à entreprendre, rayon psycholinguistique, sur L’affleurement de la syllabe ka-kaï dans la communication gouvernementale. Dans l’espérance d’une si vaste étude, patientons ici avec une petite dissection, sous l’œil bienveillant d’Aristote. Selon ce dernier, lorsque je parle, je n’indique pas seulement mon...
Malin comme un singe
Pour remédier au monde comme il va, il faut des mots qui sentent l’ail.
À chacune de ses livraisons, Le Petit Robert fournit son lot de néologismes. On dirait parfois des cadavres. Un peu comme si une araignée gestionnaire s’amusait régulièrement à attraper de nouvelles victimes dans sa toile aux dérivés mention spéciale, pour l’édition 2006, aux espiègles relocalisation et déremboursement. C’est ailleurs, toutefois, qu’on porte ces jours-ci le regard. Autre...
Friedrich en Wayfarer
Noms d’accessoires, noms de philosophes : la rentrée culturelle est d’abord onomastique.
C’est une scansion minimale, sur le dernier album d’Alain Souchon. Diesel-Chanel-Cacharel-Van Cleef&Arpels-Hermes-Converse… : le chanteur de variété dévide l’écheveau des noms de marque. Puis interrompt régulièrement son énumération d’un distique allusif : Putain ça penche/On voit le vide à travers les planches. Refrain qui suffit à faire planer un drôle d’air, comme s’il s’agissait, à la...
C’est tout comme
Pour surplomber le monde, effectuons deux mouvements de gymnastique rhétorique.
Revenons un peu en arrière, c’est-à-dire avant les vacances. Élection présidentielle en Iran, victoire de Mahmoud Ahmadinejad, candidat mollah, austère, radical appelez-le comme vous voudrez, c’est en tout cas le méchant de l’affaire. Un grand quotidien français s’interroge alors : pourquoi les Iraniens viennent-ils donc s’enticher d’un pareil bougre, pourquoi ont-ils diable si mal...