RUBRIQUE Égarés, oubliés
Les articles
Du voyage en train
Plein de mystères encore, Bernard Waller était le plus discret des romanciers. Dubalu, son représentant de commerce, révèle avec humour et subtilité un univers de personnages désarçonnés et touchants.
Il faut souvent plus qu’un miracle pour que les créatrices et créateurs qui ont choisi la discrétion contre les feux de la rampe sortent de l’ombre. Le romancier Bernard Waller en est la démonstration achevée. Au point qu’on ignorerait presque sa date de naissance. Selon les sources observées, il serait né en 1933, en 1934 et en 1937, et apparemment ce serait plutôt en 1935. Et puis la camarde s’est chargée de mettre tout le monde d’accord. Il est bel et bien mort en 2010 (le 13 juin à Paris ?). Naturlich, aucune nécrologie publiée dans Le Monde ou Le Figaro. On n’y a droit que lorsqu’on...
Un auteur
La sœur du poète
Soutenue par l’éditeur Guy Lévis Mano, Laurice Schehadé fut écrivain comme son frère. Mais l’exilée nostalgique ne se limita pas à la prose comme ils en avaient convenu….
Le monde arabe est moins formaliste que l’Occident en matière de dates. Le temps coule différemment sous le soleil sans doute, et la vie des êtres y est perçue comme un cadeau du ciel qui ne se mesure pas. C’est, du moins, ce que l’on peut déduire du flottement général des états civils et notamment celui de Laurice Schehadé qui, comme son frère Georges, le poète bien connu, ne sut jamais si...
Un auteur
La comtesse qui se fit vieille
Aristocrate démunie, la comtesse Dash trouva dans la littérature et le journalisme des ressources essentielles : ses portraits et ses mémoires sont de précieux témoignages de sagesse, de douceur et de malice.
Le marketing des grands lessiviers a joué un vilain tour posthume à Gabrielle-Anne de Cisterne de Courtiras, vicomtesse de Poillow de Saint-Mars, en nommant Dash l’une de leur production vendue en poudre. Dorénavant Dash est une lessive. Lorsqu’en 1838, la gracieuse aristocrate opte pour ce pseudonyme, elle ne pouvait pas imaginer que le nom de son King-Charles, probablement aristocratique...
Un auteur
Le métier de flâner
Bretteur et lyonnais, Henri Béraud (1885-1958) fut de la formidable génération des grands reporters qui prenait au débotté le train de nuit et noircissait du télégramme.
Tandis que l’on voudrait nous faire croire que le travail enrichit, il est sans doute temps de rappeler ubi et orbi les grandes heures du journaliste et romancier Henri Béraud, grand reporter de la première moitié du siècle dernier. Cet homme vaillant, et parfois redoutable, nous a démontré au long de sa carrière que tout, plus que le chagrin, pouvait nous profiter. Le voyage d’abord, à...
Un auteur
Le mémorialiste fidèle
Disciple du naturalisme, signataire du « Manifeste des Cinq », Gustave Guiches (1860-1935) n’a pas multiplié les coups d’éclat… Jusqu’à la publication de ses volumes de souvenirs.
Gustave Guiches est entré dans l’histoire par effraction, et assez jeune encore, en cosignant avec Paul Bonnetain, Lucien Descaves, Paul Margueritte et J.-H Rosny un texte resté fameux, publié dans le Figaro du 18 août 1887 : c’est le « Manifeste des Cinq », un pamphlet des moins amène dirigé contre Emile Zola. De façon inattendue, de jeunes naturalistes brûlaient ce qu’ils avaient adoré et...