On m’agresse dans mon sommeil, on me souffle dans les narines, moi qui gîtais peinard et épongeais de vertigineuses fatigues.« Dès les premières lignes du recueil, nous sommes prévenus de ce qui nous attend : l’écriture de Cannet, telle la vipère du Jardin d’été va se glisser en nous, rendant l’impalpable à sa vivante brûlure. On sort épuisé de cette lecture, broyé d’être à la fois Loiche qui crève étouffé sous son arbre, le lutteur et sa pierre, le pépé qui n’en finit pas de mourir et tous les autres aussi. On rit, on pleure, on en veut à l’auteur de nous rappeler à toutes nos morts. Pas même de refuge possible dans les mystérieuses et superbes photographies de Ralph Louzon que l’on trouve en frontispice de chaque nouvelle. Les images nous renvoient, elles aussi, par delà le visage, par delà l’être. On continuera pourtant la lecture jusqu’au bout de soi-même, enveloppé, secoué par une écriture sensuelle et pleine d’amour, porté par la poésie : »Et le vent ne cesse de prolonger le vent".
Marval / l’Instant même
10 photos de
Ralph Louzon
104 pages 95 FF
Domaine français Gueules d’orage
décembre 1994 | Le Matricule des Anges n°6
Un livre
Gueules d’orage
Le Matricule des Anges n°6
, décembre 1994.