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Domaine étranger Progessiste et dilettante

juillet 1997 | Le Matricule des Anges n°20 | par Maïa Bouteillet

Écrivain majeur du XIXe siècle et grand voyageur, le Portugais Eça de Queiroz n’a cessé de dénoncer les archaïsmes de son très regretté pays natal.

Publié dès les années 60 en Angleterre où il exerça de nombreuses années comme diplomate et où il écrivit Les Maia, Eça de Queiroz n’a laissé nulle trace ou presque dans les dictionnaires français. L’homme a pourtant passé plusieurs années à Paris où il est mort en 1900. En nous offrant de découvrir cet imposant roman, considéré à juste titre comme un chef d’oeuvre, cette coédition vient réparer un oubli de taille*. Fresque volumineuse, ce roman est une oeuvre de maturité. Eça de Queiroz s’affranchit ici des principes trop rigides qu’il s’était fixés (romantisme à la Hugo, naturalisme à la Zola, rôle moral de la littérature) pour laisser éclater un style très personnel, à la fois lyrique et ironique, qui doit tout autant au XIXe siècle qu’il ne présage le XXe.
Magistralement structurés, d’une grande finesse de langue, ces « épisodes de la vie romantique » (sous-titre) tiennent de Stendhal autant que des classiques anglais. Mais l’intelligence du trait et la virulence de la satire sont celles d’un progressiste qui rêve de faire entrer le Portugal dans le modernisme.Journaliste puis diplomate, Eça de Queiroz voyage à Cuba, aux États-Unis, au Canada puis en Europe et restera éloigné de son pays presque toute sa vie. Les pages lumineuses sur les paysages ensoleillés du Douro et le long de la route de Sintra sont celles d’un nostalgique de la vie paisible des propriétés de campagne au charme un peu suranné. Et la dignité du personnage d’Afonso da Maia, vieil aristocrate libéral, semble tout droit issue de cette ancienne noblesse, profondément attachée à la terre. Vigoureux pourfendeur de « l’éducation à la portugaise » qui rend « malingre et étoilé », il est la figure idéale du patriarche éclairé.Mais les années d’exil aiguiseront surtout le regard critique que l’écrivain portera sur l’étroitesse intellectuelle et morale de ses compatriote et sur la décadence économique et politique d’un pays coincé entre la couronne et le bénitier. Roman fin de siècle (il paraît en 1888), Les Maia porte en germe le conflit d’époque et de génération. Derrière la fatalité des amours tragiques, se dessine en filigrane, une manière d’autoportrait. Au faîte de sa carrière, l’écrivain, alors âgé de 43 ans, se retourne sur l’étudiant qu’il fut. Le très beau Carlos da Maia et son double efflanqué Joâo da Ega, « révolutionnaire et bambochard » seraient en somme l’idéal de jeunesse et sa caricature.Fils de grande famille mais épris de médecine - « la vie pour de bon, pratique et utile » - logé dans un véritable palais mais lisant Proudhon et Auguste Comte, Carlos ouvre ses portes aux révolutionnaires et aux poètes bohèmes, pour d’ « ardentes palabres métaphysiques ». Homme de grand style, amateur d’art et fin lettré, il aspire à « la gloire nationale ». Nourrissant de grands projets pour sortir le pays du « gâchis », il songe déjà à la statue qu’on lui élèvera mais n’entreprend jamais la plus petite action. Au fond, il n’a qu’un rêve : « créer un cénacle de dilettantisme et d’art (…) lancer la Revue qui serait la suprême orgie intellectuelle. Tout cela annonçait un hiver « d’un chic fou » ». Et l’on sait que le dilettantisme fut le dernier refuge de l’écrivain.

Maïa Bouteillet

* La plupart des romans de Eça de Queiroz ont été publiés en français par les éditions de la Différence.

Les Maia
Eça de Queiroz
Traduit du portugais par Paul Teyssier
Chandeigne/Unesco800 pages, 160 FF

Progessiste et dilettante Par Maïa Bouteillet
Le Matricule des Anges n°20 , juillet 1997.
LMDA PDF n°20
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