Un étudiant de bonne famille, homonyme de l’auteur, vient se réfugier (avec son chien) dans une vaste maison secondaire de Bourgogne. Dans le village, il rencontre une jeune fille de bonne famille. Il roule en Golf, écoute de la house ou Portishead boit du vin et de la vodka. Elle s’habille de jeans et tee-shirt, a de petits seins et préfère Bob Dylan. Inutile, sans saveur et passablement ridicule, ce roman pourra toujours servir de référence aux historiens de demain : tout y exprime le désir d’appartenir à une tribu, dont les signes déclinent scrupuleusement notre société de consommation. L’auteur y prend la pose du jeune branché parisien, qui partouze sous ecstasy et s’interroge sur les phrases de Kant ; qui ressasse sa rupture avec « la femme de ma vie » et le divorce de ses parents à Noël dernier (vous vous rendez compte : quel traumatisme !).
Image aussi plate que stéréotypée, fruit probable de trop de nuits passées à regarder M6 (ses films pornos à la papa, ses clips vidéo). Même l’imaginaire érotique de l’auteur épouse les clichés les plus éculés : il ne suffit pas au héros de faire l’amour dans une église, il faut encore que son ami hospitalisé soit soigné par une belle infirmière douce dans sa blouse blanche qui retenait ses seins. Tout est prévisible, tout est laborieusement sans imagination, sans énergie, sans pensée. Charles Pépin écrit une longue rédaction de lycéen qui veut épater son prof de français. Il accumule les adjectifs comme si ceux-ci détenaient la part de littérature qui manque à son roman. Sa nostalgie de la jeunesse s’habille des derniers restes d’un romantisme dandy mille fois lu. Descente est comme un verre d’eau quand on n’a pas soif : sans intérêt, sans danger, inutile. Espérons qu’avant d’écrire un deuxième livre, l’auteur voudra bien attendre d’avoir quelque chose à dire.
Descente
Charles Pépin
Flammarion
189 pages, 89 FF
Premiers romans Eau plate au pays du vin
octobre 1999 | Le Matricule des Anges n°28
| par
Thierry Guichard
Un livre
Eau plate au pays du vin
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°28
, octobre 1999.