Digraphe consacre un imposant dossier au « jusqu’au boutiste de la prose poétique » (selon Ian Baetens) José Lezama Lima. Ceux qui ignorent tout de cet ogre littéraire, ceux qui ont toujours repoussé la lecture du tellurique Paradiso devraient trouver moyen de prendre pied. De nombreux inédits de proses ou de poésie -les superbes chroniques livrées à la Habana, aussi- donnent corps aux études savantes de Michel Falempin -concepteur du dossier-, Benito Pelegrin, Ian Baetens. Une autre manière d’interroger le rapport prose/poésie et le pouvoir créateur de l’image. Pour amateurs de textes hors-normes. Dans le même cahier de création, ne pas sauter le texte de Thierry Rat dont nous ignorons tout sauf la puissance hypnotique du morceau.
Digraphe N°90/91-
136 pages 100 FF
(17 rue de Visconti 75000 Paris)
Le N°1.6 de Nioques cherche toujours de nouvelles positions (créatrices) « plastiques ou langagières ». Une littérature de recherche allant un peu plus loin vers les « origines du monde », entre les (poussives) menstrues de Paul-Armand Gette, quelques-unes des 2000 photographies du sexe des femmes par Maccheroni, et l’interrogation fictive et séduisante du nu amateur par Emmanuelle Pireyre. On retiendra l’écriture en strates de Jacques-Henri Michot (auteur d’un redoutable ABC de la barbarie chez Al Dante) et le retour en force de Manuel Joseph (Péridurale, la publication en volume est annoncée), écriture de la commotion, du trauma poussée par une langue « ritournelle ».
Nioques N°1.6-142 pages, 110 FF
(27, rue de Paris 93230 Romainville)
À noter, les deux regrettés Gaston Criel et Guy Chambelland au sommaire de Poésie/première (études et écrits). À découvrir, Eva Salzman traduite -pour une première- par Daniel Leuwers : une poésie du concret et de l’inavouable, tranchante, lumineuse. Trois noms qui devraient suffire à faire découvrir le reste du sommaire (et ne pas se laisser rebuter par une couverture qui sent la clinique).
Poésie/première N°16 111 pages, 60 FF
(Editinter - B.P. 15 -91450 Soisy/Seine)
Marie-Claire Bancquart est l’invitée de Contre-allées N°5, revue de poésie trimetrielle. Essentiellement composée de textes de création, Contre-allée revendique sa « jeunesse, sa dérision, son insolence et son imagination ».Publiée avec peu de moyens (52 pages A4 pliées et agrafées) elle propose, en plus de quelques poèmes de son invitée de découvrir pas mal d’auteurs. On reconnaîtra le tendre érotisme de Serge Feray (ex Cahiers de nuit), on se régalera de la technique de citations de Romain Fustier chez qui la poésie naît des italiques apposées à des propos du quotidien (contrairement à d’autres ici qui ne font que décalquer la banalité). Le numéro se clôt sur quelques critiques et surtout sur une « bande annonce » qui égraine joliment l’actualité de la poésie.
Contre-allées N°5 52 pages, 20 FF
(3, rue St-Austremoine 63000
Clermont-Ferrand)
Revue En feuilletant
mars 2000 | Le Matricule des Anges n°30
En feuilletant
Le Matricule des Anges n°30
, mars 2000.