Dédale N°11 & 12

L’amoureux de littérature peut se donner rendez-vous tous les six mois avec la revue Dédale. La livraison des numéros 11 et 12 affiche à son sommaire Poésie, Technique, Métaphysique, Forme, Sens. Dirigé par l’écrivain Abdelwahab Meddeb, Dédale poursuit le vœu, via un thème différent à chaque publication, de « sortir les références de leurs frontières afin qu’elles participent à la fondation d’un sens commun élargi, établi dans la confrontation des traditions avec le savoir et les méthodes que propose le continent de la modernité. Notre théâtre sera la mer médiane, de l’une à l’autre rive, recevant dans la langue française les signes qui se croisent, de Grèce à Rome, d’Égypte au Maroc, d’Andalousie à Africa, dans la traversée des déserts et des marches subsahariens et asiatiques ». Chaque numéro est un pavé de presque sept cents pages. Cette confrontation souhaitée reçoit pour ce numéro Poésie de nombreuses collaboration d’auteurs, souvent des fidèles de parution en parution : Adonis, J. Ancet, L. Bhattacharya, L. Gaspar, G. Macé, H. Meschonnic, S. Stétié, J. Angel Valente (auquel l’ensemble est dédié).
Dédale est en plusieurs parties. Une première, Dits des temps présents, comprend des textes, ici de nombreux poèmes, des contemporains précédemment cités, mais également un très bel inédit d’Henri Michaux (Faisant partie du conseil planétaire en fusée), W. Stevens, N. Judice, I. Eliraz, P. Kral…, poètes de toutes nationalités dont la qualité d’écriture fera l’objet d’une belle découverte pour beaucoup. Rythmé par les photographies de G. Macé, L. Gaspar, Yoshimasu, un extrait manuscrit de Vents de Saint-John Perse, et une peinture inédite d’Henri Michaux, Dédale incarne cette confrontation des traditions et de la modernité, avec une deuxième partie intitulée Poétiques dans le siècle, où la poésie est interrogée, et ce de « l’intérieur », par les auteurs eux-mêmes. En témoignent, entre autres (difficile de tous les citer !) les textes de G. Althen, J. Pilinsky ou Adonis, qui écrit : « Le poète arabe travaille sur le mot non pas comme une prière mais comme illumination ou volupté. La religion a voulu que les poètes fussent ses interprètes ou les interprètes de ce qu’elle a elle-même interprété. Au contraire, le poète veut rester comme il fut dit au commencement : l’interprète de l’être ou l’interprète des Dieux, comme disaient les Grecs. Sa lutte est de ramener la poésie de son exil vers sa patrie, une patrie sans frontière, patrie de l’être et du commencement. »
Avec une troisième partie intitulée À travers les traditions, Dédale remonte encore plus le cours du temps, avec des traductions d’auteurs anciens comme Saigyo, Halâj ou Ibn Arabî. L’ensemble forme un corpus impressionnant qui permet de découvrir des écrivains de tous les temps. L’enjeu est fraternel : c’est une main tendue de civilisation en civilisation sous la chaleur du soleil méditerrannéen.
Dédale n° 11 & 12
670 pages, 220 FF
Éd. Maisonneuve & Larose