Nous sommes au milieu des années 1920, dans une rue bruyante où vrombissent omnibus et automobiles. Au milieu du tumulte un olibrius vocifère. C’est OEil-de-Dieu, la créature farce du romancier belge Franz Hellens (1881-1972). OEil-de-Dieu est un doux-dingue qui, repu de romans policiers, se rêve en détective afin de soulager les maux de l’humanité. Un héritage inopiné lui permettant de quitter son modeste emploi, il file à Paris où la réalité du monde moderne l’attend au tournant. Foutriquet pas très clairvoyant et d’un naturel maladroit, le zozo s’éprend d’un chien galeux et d’une femme malhonnête. Pathétiquement idiot et néanmoins bravache, il fréquente de faux communistes et se cogne aux lampadaires tout en déversant ses billevesées incongrues sur la révolution et les persécutions policières dont il se croit la victime. Vladimir Nabokov aimait beaucoup ce drôle de roman dont le héros est l’enfant naturel de Charlot et de Don Quichotte. On le comprend car OEil-de-Dieu marche sur les voitures comme autrefois on attaquait les moulins.
Franz Hellens
Labor/Espace Nord
421 pages, 79 FF (12,04 o)
Domaine français Oeil-de-dieu
septembre 2001 | Le Matricule des Anges n°36
| par
Éric Dussert
Un livre
Oeil-de-dieu
Par
Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°36
, septembre 2001.