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Événement & Grand Fonds La fatalité du silence

décembre 2001 | Le Matricule des Anges n°37 | par Pascal Paillardet

Depuis 1996, les éditions Autrement exhument l’oeuvre romanesque de l’Argentin Eduardo Mallea, disparu en 1982. Des écrits tendus entre l’illusion du langage et la résignation au mutisme.

La Ville au bord du fleuve immobile

La parole est une appréhension recroquevillée dans le coeur de chaque homme. Certains se délivrent de cette anxiété par le marivaudage et la mélopée. Ils bavardent. Ils caquettent. Ils salivent. Ils s’usent dans le boniment et les racontars. D’autres, qui ne s’accommodent pas du faux-semblant et de l’ergotage, demeurent prisonniers de la fatalité du silence. Ils ne parlent pas. Ou si peu, ou si mal. Ils ne sont pas dans le ton. Ils n’interprètent que les soupirs de la partition. Dans le brouhaha du quotidien, leur mutisme à la Bartleby est une offense aux gesticulations labiales. « Dans un monde où personne ne répond à personne, personne cependant n’accepte qu’on refuse de lui répondre. » C’est là, dans ce malentendu, que se révèle la tragédie du vacarme de l’opéra humain. Et le propos d’Eduardo Mallea, le librettiste du fragile contre-chant des taciturnes.
Au « verbiage tragique et factice », l’écrivain argentin préfère les mots longtemps gardés en bouche. Ce presque rien du discours où gît la vérité du langage -et donc de l’écriture. De Chaves, bref roman publié en 1953, à La Ville au bord du fleuve immobile, recueil de nouvelles aujourd’hui éditées en France, tous ses récits partagent le caractère morose des taiseux. Sobre et élagué, le style est à l’unisson. « Pensez que, dès que vous tombez dans l’éloquence, vous trahissez le texte », dit l’un de ses personnages. « Insistez très légèrement : laissez couler les mots. »
Cinquième livre d’Eduardo Mallea traduit aux éditions Autrement1, La Ville au bord du fleuve immobile réunit neuf récits écrits entre 1931 et 1935 -des textes inédits à l’exception de L’Angoisse, paru dans la Revista de Occidente de Rome, de Naufrage et Jacobo Uber, une cause perdue, publiés dans la revue Sur de Buenos Aires. La grave rumeur du « dialogue des silences » traverse cet ouvrage habité par les multiples déclinaisons d’un seul et même personnage : « l’homme souterrain d’Amérique en marche ». Explorateur du « monde inanimé », Eduardo Mallea décrit les subterfuges et les mensonges de la parole -son vernis professionnel, ses intonations amicales, ses séductions amoureuses. Avec une rare profondeur psychologique et une singulière intensité dramatique, la lucidité malléenne dévoile l’hypocrisie des volubiles rencontres : « Les gens ne sont pas unis par des mots mais par un lourd mutisme ». Broyés par l’aphasie, ils succombent parfois, avec une ardeur désespérée, à la fallacieuse frénésie de la conversation. S’ils s’essaient à la thaumaturgie de la parole, c’est avec un désenchantement qui les prive de la « magie des paroles ». Magie illusoire, forcément.
Dans ce livre des présences clandestines et des mornes solitudes, Eduardo Mallea arpente le « désert infini » de Buenos Aires. Dans cette cité, mais aussi dans la pampa argentine, qu’importe le lieu de perdition, il décrypte « le contretemps absolu qui préside à toute rencontre humaine ».
Ici, le pensif et émotif Solves, l’homme aux désirs...

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