Gérard Le Gouic tord le cou aux récits calibrés. Avec beaucoup d’inventivité, il refuse de céder à la tentation du coup de théâtre final qui font les nouvelles faciles. Ici, tout est question d’atmosphère. Souvent rédigées à l’imparfait, ces quelques tranches de vie sont empreintes d’une réelle douceur, comme si le temps permettait toutes les digressions, incitait à une nostalgie un peu rêveuse. Le Salon du livre, unique chapitre rédigé au présent est le seul texte amer : « Tout le monde s’ennuie, mais avec une décontraction de bon aloi ». Dans Le Secret, un homme se souvient d’une bonne blague faite enfant à une amie de sa mère qui ne le démasqua jamais, « emportant ses soupçons dans sa tombe, et ma mère, dans la sienne, notre complicité ». Dans Le Gros Lot, un amateur d’art croise le chemin d’un ancien compagnon d’armes connu en Algérie. Gérard Le Gouic propose une relation intimiste entre le lecteur et ses personnages. Comme si et pour une fois, la littérature et la vie c’était un peu pareil. Refermer l’opus et retourner au quotidien, sans percevoir la transition.
Une odeur d’amour
Gérard Le Gouic
Coop Breizh - 139 pages, 13,41 € (88 FF)
Domaine français Une odeur d’amour
décembre 2001 | Le Matricule des Anges n°37
| par
Franck Mannoni
Un livre
Une odeur d’amour
Par
Franck Mannoni
Le Matricule des Anges n°37
, décembre 2001.