On connaît Abbas Kiarostami par ses films. Avec Au travers les oliviers ou Et la vie continue par exemple, il a montré la vie du peuple iranien d’aujourd’hui, ses doutes, ses silences, ses gestes simples. On le savait aussi photographe. Avec le vent, lui, révèle l’homme de l’écriture. Ce livre rassemble plus de 240 petits poèmes, variants de 3 à 4 vers. Ce sont autant d’instantanés, comme des plans rapides et vifs, des photogrammes extraits d’une bande de pellicule. Leur écriture est à l’image de la simplicité avec laquelle Kiarostami filme un champ d’oliviers dans le lointain. Proches du haïku japonais, ils sont presque sans effet, à la limite de l’imperceptible. Ils résonnent comme un murmure intempestif, parlent de ce qui passe et recommence : ainsi « Les pas d’un homme dans la neige/ Qu’est-il allé chercher/ Reviendra-t-il/ par le même chemin » répondent, tout à la fin, à ce « Je suis venu avec le vent/ au premier jour d’été/ le vent m’emportera/ au dernier jour d’automne ». Et nous avec.
Avec le vent
Abbas Kiarostami
Traduit du persan par Nahal Tajadod
et Jean-Claude Carrière
P.O.L - 245 pages, 20 €
Poésie Avec le vent
septembre 2002 | Le Matricule des Anges n°40
| par
Emmanuel Laugier
Avec le vent
Par
Emmanuel Laugier
Le Matricule des Anges n°40
, septembre 2002.