La Voix du regard N°15
Cette « revue littéraire sur les arts de l’image » se penche sur la catégorie de l’obscène -« acte ou image ? » interroge la couverture. Pour répondre, sont convoquées les facettes présumées de la modernité : bien sûr Bataille mais aussi les actrices de porno, les artistes underground, les performances de l’époque (internet, attentats, Loft)… Par sa mise en page soignée et son opulente iconographie, La Voix du regard joue la carte du luxe, comme celle de la transgression : aucun propos ni aucune image ne semblent ici interdits. En même temps, les caractéristiques usuelles de l’analyse universitaire (recours aux lumières de l’étymologie, aux concepts de l’esthétique, etc.) sont réunies pour circonscrire toute l’étendue du sujet, et révéler une vérité malséante donc libératoire. Malheureusement, le malaise n’est pas là où on l’attendrait : la mise en question promise donne plutôt lieu à une autoritaire théologie du sexe, et à la psalmodie, par la majorité des rédacteurs, de la vulgate psychanalytique. Fallait-il par exemple asséner que dans les photos de Nan Goldin « Ça nous parle » car l’« obscène réside en nous », « présent dans l’invisible de l’image », « dans un ailleurs qui nous est propre, ce hors champ de nos désirs » ?
La Voix du regard N°15 - 272 pages, 20 €
(11, rue Henri-Martin, 92400 Ivry-sur-Seine)