Mama Binocla et Daddi Rotondo ont un petit garçon qui pèse dès sa naissance 9 kg. Alors au lieu de l’appeler Rahan, ils l’appellent Bouli comme ça, pas de doute, on sait qu’il est gros. À un an, ils s’aperçoivent qu’il est myope Bouli, c’est comme ça qu’il devient Bouli Miro. À trois mois, Bouli pèse 33 kg.
Il est gros de toutes ses peurs. À deux ans, il prend peur des dragons et à trois ans, il se met à avoir peur de lui-même. Mais heureusement sa cousine Pétula l’aime, même de plus en plus gros. Le problème c’est quand Pétula déménage en Espagne, Bouli se met alors à grossir de plus belle. Jusqu’au jour où il manque d’écraser sa maman en s’asseyant dessus. Alors Bouli décide de changer de corps et se met à faire de la gymnastique. Et sa vie en est toute transformée. Il rencontre Sharon Stone, mais si ! Et aussi Hanna et Milan, deux enfants albanais qui fuient la guerre. Avec des raccourcis très saisissants, Fabrice Melquiot fait traverser à Bouli Miro les émotions de la vie en quarante-cinq pages et sept ans d’existence. L’auteur dresse une fable initiatique d’un petit garçon qui dépasse ses peurs pour pouvoir s’aventurer dans le monde. Fabrice Melquiot est totalement fantaisiste, Bouli Miro se lit sourire aux lèvres. L’écrivain nous transporte dans un jeu de marelles où les personnages grandissent de case en case et peuvent tomber en enfer ou au paradis. Melquiot sait redonner souffle à cette formidable énergie de l’enfance, même si Bouli Miro doit apprendre à vivre avec « les Larmes du Ventre Tordu » à cause du monde qu’est pas facile à comprendre.
Dans le joyeux bazar de cette famille Miro, le lecteur prend plaisir à pénétrer un drôle d’univers, le même genre de plaisir qu’au moment de la découverte de la tribu Malaussène de Daniel Pennac dans le Bonheur des ogres. Et puis la langue de Fabrice Melquiot a une énergie singulière, elle fuse très rythmée et emprunte malgré tout des chemins buissonniers.
Bouli Miro
Fabrice Melquiot
L’Arche (jeunesse)
56 pages, 8,50 €
Théâtre La langue buissonnière
janvier 2003 | Le Matricule des Anges n°42
| par
Laurence Cazaux
Un livre
La langue buissonnière
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°42
, janvier 2003.