Le sort a été doublement défavorable à Roger Nimier : en 1962, âgé de trente-sept ans, il meurt dans un accident de la route ; cette fin prématurée contribuera à forger la légende d’un provocateur, d’un « casse-cou » à « l’inconséquence butée ». L’essayiste belge Pol Vandromme, auteur de nombreux ouvrages (dont Le Monde de Tintin, Céline et Cie, La Droite buissonnière), fut un proche de Nimier. Il s’efforce donc de corriger l’image de cette grande figure des « hussards » qui comptaient dans leurs rangs Blondin, Laurent, Marceau ou Déon. Vandromme évoque longuement Le Grand d’Espagne, essai publié en 1950 et dédié au génie tutélaire de Bernanos par un jeune homme que révoltent le déclin de la civilisation, les trahisons de la droite, sa famille de pensée, et l’humanisme larmoyant des intellectuels de salon. Le propos hagiographique de Vandromme laisse souvent perplexe. On ne sait que penser de cet « enfant » épris de pureté spirituelle qui traverse les livres de Nimier, haïssant les bassesses des « grandes personnes », leurs désertions. L’héroïsme consisterait à « nier le monde », à s’en préserver. Rester « intacts et seuls », comme ces « errants » qui dans ses romans vont à la recherche d’un idéal qui vaille le sacrifice de leur vie.
Roger Nimier
Le Grand d’Espagne
Pol Vandromme
Vagabonde
(18, rue Didot 75014 Paris)
105 pages, 11 €
Histoire littéraire Roger Nimier Le Grand d’Espagne
janvier 2003 | Le Matricule des Anges n°42
Un livre
Roger Nimier Le Grand d’Espagne
Le Matricule des Anges n°42
, janvier 2003.