Jean-Pierre Cannet, romancier, poète et nouvelliste, se consacre aujourd’hui exclusivement à l’écriture théâtrale. La Grande Faim dans les arbres est sa quatrième pièce. La langue de Cannet saute aux yeux du lecteur. Elle surprend, elle déborde, elle détonne parfois. Très imagée, elle assemble des fragments de poèmes, de bouts de contes, des tableaux naïfs dans une façon d’être au monde complètement décalée, avec un imaginaire foisonnant.
La pièce débute à « Il y a », un endroit où justement il n’y a rien, où tout est à l’envers, un lieu-dit qui n’existe sur aucune carte. À « Il y a » vit seule une drôle de tribu. Mam, la mère, une « femme inspirée à la foi ardente, elle a des rêves. Au fil des scènes son chignon pourra croître comme un arbre ». À la place du père, le père, « décalé depuis que sa dernière mule a bouffé sa carte du parti communiste », deux frères dont Roso le narrateur, une sœur et une mouche phosphorescente, Perhaps, confidente de Roso. Un rêve de Mam fait apparaître une échelle et un troisième frère, l’élagueur, parti faire fortune en ville. Toute la famille espère retrouver le grand frère, histoire d’échapper à la misère. Ils partent donc dans une grande « circulerie », avec comme bagage une échelle sur laquelle est grimpée la mère, symbole d’une ascension sociale tellement espérée. Mais l’arrivée en ville se révèle difficile et décevante. L’élagueur, celui qui peut grimper en haut des arbres, reste invisible. La mère tombe malade. Le narrateur, Roso, va alors se transformer en élagueur pour empêcher sa mère de mourir. La langue de Cannet plonge le lecteur dans un entre-deux, entre rêve et réalité, sommeil et conscience, avec un trop plein de mots à proférer sans modération pour continuer à se raconter des histoires.
La Grande Faim dans les arbres
Jean-Pierre Cannet
Éditions Théâtrales
60 pages, 13 €
Théâtre Un rêve d’échelle
mai 2003 | Le Matricule des Anges n°44
| par
Laurence Cazaux
Un livre
Un rêve d’échelle
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°44
, mai 2003.