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Entendu à la radio D’abord par l’oreille

avril 2004 | Le Matricule des Anges n°52 | par Valérie Rouzeau

Après une mauvaise écoute de l’émission « Une vie, une œuvre » consacrée ce soir-là du dernier jour de février à l’écrivain autrichien Leopold Sacher-Masoch où mon oreille s’est davantage intéressée à la façon de parler de la psychanalyste invitée, Christiane Terrisse, qu’au contenu de ses propos (parce qu’elle prononçait « steu » au lieu de « cette », avait une parole simple, fruste même, directe ce qui aurait dû m’atteindre a glissé à cause de ma bêtise, de quel a priori empêchant qui me faisait croire qu’un psy ne peut pas s’exprimer comme ça) dont je n’ai saisi, du coup, que des bribes concernant le masochisme « …un goût pour ce qui fait sentir qu’on a un corps… de la chatouille à la grillade… » tandis que je ratais complètement les interventions de l’autre invité, l’écrivain Pierre-Emmanuel Dauzat… Après donc passer à côté de cette émission (exactement comme j’ai raté un jour à Tours une conférence d’Yves Bonnefoy sur Baudelaire : une tache de lumière, peut-être le reflet du verre d’eau, dansait juste sur le bout du nez du poète) j’ai quitté France Culture : Chérie FM Céline Dion non. Hop. RTL : « Il vaut mieux l’avoir en journal » (pub pour Le Parisien) puis commence le programme de « Cette année-là », réservé ce soir à l’année 1966 et promettant tubes sur tubes jusqu’à minuit, après une petite liste-bilan (chronologique ?) des événements marquants du millésime en question où l’ouverture du premier magasin Darty arrive avant l’élection d’Indira Gandhi… Bref. Que des tubes, jusqu’à minuit, comme au bal de Cendrillon, et ça commence par une chanson importante dans ma vie alors je reste : These Boots are Made for Walking magistralement interprétée par Nancy Sinatra la fille du crooner comme le rappelle le DJ. Ensuite Jacques Dutronc playboy « crac ! boum ! hue ! », une pause-jeu-débile (« Quel acteur hollywoodien est élu le 8 novembre 1966 Gouverneur de Californie ? » décidément, les gouverneurs de californie…) avec des cédés sixties à gagner puis Les Sucettes à l’anis par France Gall puis Mirza de Nino Ferr
Mais je pars dans tous les sens : une émission loupée, les douze coups de minuit quand je voulais pour cette fois ne parler que de France Culture. Seul le service public peut nous permettre de bénéficier de tels programmes qui ne rapportent pas en euros et n’ont pas une audience formidable. Tous ces scientifiques réunis samedi 28 février au Cabaret Sauvage et s’exprimant en direct sur les ondes de Culture, « États Généraux de la Recherche », Recherche que l’actuel gouvernement met en danger. Cet astrophysicien qui déclare : « Je reste maigre en mangeant des étoiles » et cite Paul Valéry après nous dire que « le héros moderne juvénile est sautillant plutôt qu’intelligent ». Ce mathématicien « agacé par l’idée de beauté » : « y’a des preuves absolument dégueulasses, y’a des théorèmes enthousiasmants… l’esthétique c’est les réduire… les mathématiques sont un monde où la vérité existe… je pense qu’il n’y a rien de plus humain que les mathématiques » (On lui avait demandé de venir parler de « la beauté de la recherche ».) Denis Lavant qui lit Rabelais. Denis Lavant qui lit Victor Hugo. Jean-Pierre Chevènement qui nous rappelle que selon Georges Pompidou il y avait trois façons de perdre de l’argent : les jeux, les femmes et la recherche la plus rapide étant les jeux, la plus agréable les femmes et la plus sûre la recherche ! C’est toujours sur Culture qu’au cours d’un même soir j’ai pu entendre parler un pharmacien collectionneur de pierres précieuses et un historien qui n’avait pas fait la guerre. Sur Culture encore ces « Chemins de la Connaissance » dont merle on a tellement besoin. Bon. Les lecteurs du Matricule savent tout ça, et qu’il ne s’agit pas d’un luxe, mais on peut bien le redire hein ces temps-ci.
Je manquerai d’autres émissions, je louperai d’autres paroles, de cela je suis certaine. Marcel Bleustein-Blanchet, l’un des pionniers de la radio en France, disait : « … le rêve entre d’abord par l’oreille ! ». Je suis pour moi plus émue quand j’entends la voix enregistrée de quelqu’un qui est mort que devant une photographie. La voix demeure matière physique, vivante et vibrante. La photographie ne fait pas cela, ni la peinture. Et je ne crois pas, comme l’affirmait dernièrement Pierre Tchernia sur Inter ou était-ce Europe 1, que la radio ce soit « la télévision sans images », formule qui laisse entendre que la télévision serait plus, constituerait un progrès par rapport à la radio. Le rêve de l’oreille n’a nul besoin d’écran.

D’abord par l’oreille Par Valérie Rouzeau
Le Matricule des Anges n°52 , avril 2004.
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