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Revue Atelier d’écritures

juin 2004 | Le Matricule des Anges n°54 | par Thierry Cecille

L' Animal N°16 (cahier François Bon)

Depuis maintenant plus de vingt ans (Sortie d’usine, Minuit, 1982 Rolling Stones, une biographie, Fayard, 2002, en poche aujourd’hui), François Bon poursuit son chemin, en solitaire, mais non isolé, avec entêtement, mais sans aveuglement : il fore, creuse, échafaude une vision seconde de ce monde qu’il parcourt, notre monde, celui dont il faut bien que nous soyons contemporains. Usines dévoreuses d’hommes puis laissées à l’abandon, paysages de fer ou de boue, vies dévastées que la prison, le désespoir ou le suicide happent. L’Animal, revue semestrielle qui, elle aussi, arpente des territoires écartés, lui consacre ce printemps, un riche cahier. En ouverture (et il faut s’y jeter en toute hâte) un passionnant entretien avec Thierry Hesse : nous y entendons la voix de François Bon, sa syntaxe heurtée qui scande d’âpres vérités sur « le dépli de l’opaque humain », mais également sa passion de la langue, des siècles d’écriture qui le précédent, et le guident : c’est la phrase de Saint-Simon qu’il écoute pour parvenir à construire ses Rolling Stones, c’est Rabelais à qui il ne cesse de revenir comme à une source vive. C’est bien dans son « atelier d’auteur » que nous nous introduisons avec, également, deux inédits : « Hoboken, plan fixe » nous propose, sur des photogrammes de Jérôme Schlomoff, un nouvel arpentage de la ville et des figures que nous y traçons, et ses « Notes sur Balzac », à l’instar du magnifique essai de Michon (in Trois auteurs), redéploient l’ambition balzacienne et son nécessaire inachèvement.
(Un regret, une remarque toute subjective : un tel cahier doit-il comporter, nécessairement, des pages d’ hommage : au mieux bribes de souvenirs de rencontre avec l’auteur, ébauche de réflexions dans la marge de ses pages, au pire nombrilistes « oui, moi aussi, j’écris, comme lui… » ? Peu échappent, ici, aux écueils de l’exercice : Bernard Noël sur la « précipitation du vécu », ou Jean-Paul Goux sur l’énergie qui anime ce « réalisme lyrique ».)
L’autre partie de ce numéro, sobrement intitulée « Les gens », entretient avec l’œuvre de Bon des liens discrets mais sûrs : ces textes (de prose ou de poésie, de philosophie aussi) ressuscitent les ombres familières ou furtives, les silhouettes, les anonymes, de l’enfance ou de la ville, croisés, perdus. On peut ainsi découvrir un émouvant et alerte texte autobiographique de Christian Garcin, ranimant le monde lointain, et ses figures tragi-comiques, d’une petite bourgeoise provinciale des années 50-60. De belles traductions de l’américain (Charles Reznikoff par Marc Cholodenko, Robert Creeley par Stéphane Bouquet) offrent également des échos aux poèmes de Peter Král ou de Jean-Claude Pinson : « dépeuplé, dé-genté », ce dernier tente de cerner, en « iambique devenant très déjanté », « l’éternel casse-tête d’/[être soi] tout attaché ».

L’Animal N°16 256 pages, 23
(6, rue Bégin 57000 Metz)

Atelier d’écritures Par Thierry Cecille
Le Matricule des Anges n°54 , juin 2004.