La Femelle du requin N°23
Depuis 1995, La Femelle du requin, trimestrielle, propose une thématique aujourd’hui « Disparition » (« Parce que, sommeil, souvenirs, regrets, fuite ou mort, le départ est aussi impalpable que la résurrection ») déclinée par des œuvres de création et le portrait d’un écrivain. Antonio Tabucchi, chantre de Pessoa, est certainement un de ceux qui travaillent au plus près de ce rapport fantomatique présence-absence, réel-rêve, passé-présent. « Écrivain de l’inaccompli, il exprime la mélancolie du temps et des émotions perdus » ainsi le décrit le bel éditorial. Pas moins de dix pages d’interview lui sont consacrées, sous le titre un peu choc et réducteur « La littérature est une partouze » (phrase tirée de l’entretien). Christian Cazaubon, Sylvain Nicolino, Laurent Roux possèdent leur sujet et poussent Tabucchi, qui s’exécute avec un plaisir évident, dans ses retranchements. Il y sera question de la visitation des personnages de ses romans avant écriture, des côtés obscurs de l’amour, des interrelations qu’entretiennent lecteurs et écrivain, de la démocratie, du fascisme rampant derrière Berlusconi, du rêve, de la musique, du plaisir d’écrire… Un texte inédit de Thomas B.Reverdy, un ancien de la revue, conclut le numéro. On pourrait reprocher l’inégalité de certains textes et les résumés trop succincts des livres de Tabucchi.
La Femelle du Requin N°23, 70 pages, 7,50 € (88, rue Alexandre- Dumas 75020 Paris)