Poésie 2004 N°103 (Beat generation)

Richement illustré, Poésie 2004 présente un bel ensemble sur la Beat Generation qui électrisa l’Amérique à la fin des années 50. De « cette plongée exubérante au sein du chaos vivant », Yves Buin, maître d’œuvre, rappelle que la Beat n’était qu’« une communauté éphémère d’êtres (…) affamés de l’invivable vie qu’ils tentaient de saisir dans la »forme sauvage« de l’écrit ». La légende, tracée par Le Festin nu (Burroughs), Visions de Cody (Kerouac) ou Howl (Ginsberg), est auscultée sous différentes perspectives : Zéno Bianu souligne les analogies avec le Grand Jeu, Michel Bulteau rassemble ses souvenirs new-yorkais, Christian Bourgois ses souvenirs éditoriaux, tandis que Gérard-Georges Lemaire explore le versant féminin de la saga. Claude Pélieu n’est pas oublié : un long portrait rend hommage à l’insoumis, poète et passeur de la Beat en France. Sont également publiés des lettres de Neal Cassady, des entretiens avec Lawrence Ferlinghetti ou Allen Ginsberg. Visionnaire, ce dernier, en 1975, déclarait : « Il est impossible à un jeune parisien ou à un jeune new-yorkais d’imaginer un programme de société nouvelle s’il ne connaît pas la valeur de l’eau et la provenance de l’électricité, s’il n’a jamais vu pousser une tomate ni trait une vache, et s’il ne sait pas disposer de sa merde. »
Poésie 2004 N°103, 128 pages, 18 € (Maison de la poésie 161, rue Saint-Martin 75003 Paris)