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Nouvelles Complètement fourbe ! (Voici le nom de l’enfance où j’ai grandi)

juin 2005 | Le Matricule des Anges n°64 | par Ludovic Bablon

> KIDNAPPING D’UN JUNKIE / ÉPISODE 6.

> Résumé de l’épisode précédent :
Est-ce un junkie criminel qui appelle un enquêteur pour le narguer ? Est-ce l’auteur qui se moque du lecteur ? Vous trouviez, la dernière fois, trop de gratuité à ce feuilleton ; c’est le moment de payer pour cette opinion.

Téléphone. C’est pour vous.

 Allô ?

Un long moment de silence. Un long moment d’hésitation. Un long moment de préparation. Un long moment d’envie.
Un bruit de feuilles, ça doit être la forêt ; un bruit de roulure, ça doit être moi ; un bruit de briquet, ça doit être l’étincelle ; une longue inspiration d’une minute trente, ça doit être elle.
Ecoutez. Exilés de Toxville, pauvres gens ; vous êtes sans logis, vous n’avez plus un sou en poche, vous n’avez aucune raison de ne pas chercher à m’en vouloir. Mais, c’est impossible, et je vais tout vous expliquer. Voici le nom de l’enfance où j’ai grandi : jamais. Quand le fœtus de ma meilleure amie brainstorme sur l’avenir, il est saisi de doute, à voir notre intérêt pour le crime. La morale lui importe, il réfléchit pendant 3 mois. Puis il se demande s’il ne serait pas plutôt possible de pirater la mère de l’intérieur pendant plus longtemps qu’initialement prévu ; laisser un peu de place à son système nerveux pour qu’il fasse semblant de vivre en personne autonome, mais pour le reste, rester caché à l’intérieur, la gueule ouverte à ras du gosier, et protégé des agressions par deux bonnes outres de lait entier. Je ne crois pas que cet enfant mérite de naître ; et vous ? Mais de fait, je suis vivant.
J’en ai marre d’onduler toujours comme ça.
Allez.
Comme la colère un contrat, comme l’impréparation un muscle, comme le désir un hymen, ce joint me déchire. Ecoutez : je suis orphelin. J’ai perdu mes parents de la manière la plus radicale. Mon père roule sur une longue autoroute infiniment droite, au beau milieu du monde ; il roule, roule puis, sans qu’il y prenne garde, un arbre ivre de haine se jette en travers de sa route, et c’est le début du déclin, pour lui ; vous savez comment la déchéance peut se comporter, quand elle est à bout de nerfs en quête de victime : elle lui déchire la gorge, 15 secondes plus tard il est mort. Capturé par la police, interrogé pendant des heures, feuille à feuille et branche par branche, le criminel avoue qu’il n’a pas d’assurance ; impossible d’indemniser. Sous la puissance du choc, ma mère, quand elle apprend la nouvelle, est victime d’une maladresse. Le soir du deuil de son mari, après le repas de pommes de terre séchées, elle quitte la pièce en titubant ; elle a envie de dormir, elle entre dans la salle de bains, tremble des mains dans le blanc du lavabo, veut ouvrir une boîte de ces médicaments qui, sans maillet, assomment les chevaux ; mais, l’apparition de l’eau en quantités mêmes faibles crée dans l’environnement les conditions du naufrage : humide, sa main dévisse contre le rebord du flacon ; mouillé, son pied dérape d’un coup contre les dalles de carrelage frais ; dans l’œil du cyclone, la population des gélules paniquées se précipite dans le hall de l’œsophage en basculement arrière, tandis que le crâne précipité va heurter le sommeil ; ainsi dormit-elle plutôt deux fois qu’une, le même jour, à côté de l’autolyse de mes frères et sœurs qui en la découvrant s’étaient retrouvés suspendus par la moelle à des câbles, et au final il n’est plus resté que moi, torse nu dans la termitière, pendant que la perspective de mon euthanasie faisait le tour de la pièce fébrilement, un couteau à bœufs à la main, en se demandant comment m’aider. On peut dire que, pour le coup, l’existence était devenue complètement fourbe, ça oui !
Permettez, permettez.
Le même jour occulta la violence mon chien qui s’appelait Paf, pardon d’avance pour la syntaxe. (À ce moment s’entend pour la première fois dans le combiné un curieux bruit de grattement, ou de frottement. Ce sont les petites pattes des croquettes qui crépitent dans une boîte !) Paf ne montait pas la garde du désert audiovisuel français ; non, lui, il était routier. En fait, il répondait au nom complet de Paf Junior ; il était le fils du célèbre Paf Premier, mort au combat dans la lutte contre les voitures. À son premier anniversaire, Paf Junior se trouve nez à nez avec la terreur, sous la forme du pare-brise du camion de pompier qu’on lui offre et qui, à l’ouverture, lui saute au front et le griève même blessement, comme écrit dans le gazouille-matin, lui occasionnant par là même un effroi ! Paf blessé, Paf fuit, Paf se protège ; et c’est l’attaque ! Il investigue au cœur de mille cabines et découvre à cette accoutumance la minusculité du motif ! Tayyot !!! Hayyüüüü !! Très bien. Surmontée sa peur, Paf routier ! Arrêt dans un bar dans un port sympathise avec deux homozygotes à branchies nommés l’un Gloub, l’autre idem. Un tour en bateau ! propose l’un des Gloub ; un pied sur l’échelle de la violence et c’est l’escalade ! Pleine mer, matin, le bruit d’un combat : le bateau convoie des voitures. Vois-tu combien je me bats ? Or voilà ce qui m’encombre moi ; adieu, Paf, Gloub, Gloub ! 30 Mercedes défonçant la noyade de mon chien comme des requins-marteaux à ailes conditionnées. Au secours, au secours, l’océan défile contre nous avec une impression de vertige ! Où peut-il être, à présent ? Mais attendez, attendez, je viens de me rappeler autre chose ! Je vais tenter de me le raconter. J’étais avec une fille. Je sais comment c’est : on se regarde, on se caresse. Elle jouit une première fois, rien qu’à sentir la protubérance indécente qui défigurait mon bas-ventre. Tout à coup, quand elle passa la main à travers la braguette, tel un convoi de doigts immigrés, quelle ne fut pas sa surprise quand… Non. Si. Quelle ne fut pas, disais-je, sa surprise, répétais-je, quand tout à coup… c’est trop. Je le reconnais, honnêtement, cinq Albanais de contrebande sur mon cœur, j’en fais trop. D’après nos informations, cette femme a connu une expérience remarquable, quand elle s’est aperçue qu’il y avait erreur sur la marchandise. Car, en lieu et place d’une belle et bonne bite, elle trouva… Euh… C’est ça ??? Oui ; elle trouva les circonvolutions gluantes et râpeuses de mon cerveau, dont un lobe maniaque avait émergé là suite à l’une de mes réorganisations intérieures. Je ne me laisse même pas deviner où j’avais bien pu égarer ma teub, en tout cas mon p’tit gris s’est retrouvé en position impériale pour observer l’univers par le dispositif bi-oculaire ! La fourberie directionniculait mon corps.
Ok.
Alors appelez-moi fourbe, je n’ai pas peur ; cela fait plusieurs générations que l’emmêlement de mon génotype métabolise cette narration maladive. Le jour du décès de mon foyer, tout embrasé de passions noires, je sauvai ma main en dernier ressort sur un cachot de lettres cramoisies que je déchirai ensuite à grande lecture carbonifère ; voici les faits, qui montrent que je suinte comme les pleurs d’une bûche d’un brasier régimentaire où la fourberie est érigée en vieux soleil. À l’occasion de la guerre, ma famille paternelle fond sa dernière enclume, taillade ses meilleurs bosquets, pour former 1/ Les presses 2/ Le papier d’une entreprise collaborationniste ; pour l’encre, ils broient des noix entre leurs mandibules, pour l’idéologie, ils ont un ancestral coulis distillé d’un grand-père de l’époque. Disponibles pour toutes exigences, ils fournissent pré-remplis à tous les belligérants qui en demandent les ordres de mobilisation de chaque soldat. Mais c’est la guerre, que voulez-vous ; les soldats ne répondent jamais ; il faut les relancer chez eux en permanence. Cher Monsieur, s’il vous plaît, pourriez-vous aller au front ? On doit relancer entre 15 et 20 fois pour que le type commence à sortir de son canapé, avec son fusil, jusqu’au palier. Tout le long de la route, il faut le recenser sans cesse par des coursiers de harcèlement, qui le giflent avec des télégrammes d’encouragement : Allez tout droit ; attention au trottoir ; tourner au panneau « Pologne, encore 600 km ». Vers 1946 la famiglia enregistre ses premiers résultats significatifs : c’est sûr, quelques soldats ont commencé à atteindre le front. Ils se sont joints aux soldats russes, qui allaient dans l’autre sens. Il a fallu envoyer des télégrammes aux coursiers eux-mêmes pour qu’ils fassent virer de bord les armées errantes de douze nigauds dans la campagne. Par cette méthode, la famille couronnée de succès et qui finissait de gérer les affaires en prison, avait accumulé la fortune qui paya à mes parents une bière et demie le jour de l’héritage. À cette image, ma vie. Maintenez-vous fourbe ? Moi, l’étymologie m’enseigne que le mot fourbe est composé de deux segments. 1/ le souffle « fou », du grec CEPHALOPOUS, « crevard des mers », divorcé du latin « o(h)u » qui ne signifie rien de spécial. 2/ la racine arabe « RBE », qu’on prononce comme on peut et qui nous vient des enfants d’Insulaires qui dealent le foin maniaque, au milieu des places des villes précaires. Elle ment. Qui ment ? Well, peu importe ; au soir de tous ces drames, il y a quelques mois, j’ai été faire un tour dans les bois à réfléchir aux cratères et aux animaux et je me suis dit qu’il fallait maintenant jouir régulièrement et quotidiennement. J’ai donc commencé à m’alimenter sous forme de verdure incendiée et, hagard, j’ai ainsi retrouvé quelques-uns des fondamentaux dont la fission atomique tous azimuts de ma famille nucléaire m’avait privé. D’assommoir en rêverie, le souvenir tiède de ce passif enfumait encore mon passé, quand fragile pissenlit fauché à l’ombre de la tour, j’ai appris que j’étais l’heureux élu, disons, d’un nouvel humanisme à coloration céphalo-écolo, c’est bien ça ? C’est justement le jackpot-miracle qui met définitivement fin à la malédiction enchantée ! Car, apprenez-le, j’entretiens deux sortes de rapports étranges. UN, avec le kidnapping. Ils sont doubles. Petit a, un matin, comme ça, je me lève et je suis kidnappé. Personne ne peut m’en vouloir pour ça. Petit b. Un moment d’inattention… m’en vouloir non plus. Petit c, néant. Petit d, pour le fun. Or ! DEUX ! Rapports étranges bis, avec la fourberie. Sachez la chose suivantre, r, beurk ! : la fourbrerie est collée à mon nom comme l’arabe à l’écorce, pigé ? Donc sous le pont, à minuit. Je rends le Directeur, je ne rends pas l’Argent. Je ne sais pas vous, mais moi, je suis dans une situation où je n’ai jamais autant représenté pour moi-même ; je m’appelle « mon trésor » et je ressens du plaisir ; détenteur par hasard d’une crevure, je montre ma bonne foi en rendant le Directeur, à la seule condition que ce soit contre rien ; en conséquence de quoi, n’amenez rien, ne dites rien, ne faites rien, merci. C’est cela, cela que je voulais vous dire. À bientôt ?
Il raccroche étonnamment souvent, pour un junkie.

Ludovic Bablon

> Au prochain épisode : Le rendre, se rendre, rendez-vous, rendez-le-nous !

Complètement fourbe ! (Voici le nom de l’enfance où j’ai grandi) Par Ludovic Bablon
Le Matricule des Anges n°64 , juin 2005.