Grèges N°10
Avec ce N°10, la revue Grèges met fin aux chantiers d’une belle exigence auxquels elle nous avait habitués depuis neuf ans. Emmanuelle Dufossez et Lambert Barthélémy entendent recentrer leur activité autour de la maison d’édition éponyme (qui compte plus de vingt titres). Reconnaissable parmi mille à sa couverture couleur kraft Gunny Rough de Khadi Papers, Grèges livre, comme à son habitude, de nombreuses traductions, celle de l’américain Eleni Sikelianos poèmes aux rythmes urbains s’achevant par un « & je suis issue de crâne & du corpus vertebrata se cachant à l’intérieur/ de la structure microscopique d’un os » ; de l’allemand, avec les poèmes de Rolf Dieter Brinckmann, épure sèche aux fines lenteurs narratives, ainsi que les huit sonnets de Franz Jsef Czernin, poèmes hoquetant de ses archaïsmes syntaxiques, comme ce « voilà que ça me s’y trempe, incarné, ingrédient,/ cru me jette en la marmite en morceaux ; four/ à fond ». Côté langue française, la fidélité va aux 27 strophes tendues d’un « ciel tringlé » de Brice Petit et à Cédric Demangeot pour ses vers cinglés de rage ; on poursuivra également, entre les inquiétudes dessinées de Jean-François Desserre et les monotypes frottés de PascaleWillem, par les Petites formes boxeuses de Dominique Quelen, revigorantes à souhait, et les blocs sifflants de proses (vertoviennes) de Pierre Parlant.
GrÈges N°10, 166 pages, 20 €, greges@greges.net