Dans chaque ligne s’efforçant à l’honnêteté y compris lorsque peu reluisante ou peu concluante, la poésie de Nissim Ezéchiel, poète juif né en Inde en 1924, veut être la voix d’un homme. Qui a eu une vie comme tant d’autres (« Je ne suis pas grandi par la peine »), et qui tente de dépasser la circularité d’une quête de sens à travers une éthique de l’humilité souveraine. Non, il n’y aura pas de grand soir de l’entendement avec le monde : « Tout ce que tu as/ Est le sens de la réalité,/ Insondable ». Renoncer à capturer l’évanescence ; renoncer à se perpétuer à travers le temps ; s’enfoncer lourdement dans l’opacité de ce qui est : « Le secret celé à l’intérieur de la graine/ Devient mon besoin, et ainsi,/ Je me réduis au néant/ A l’intérieur de la graine. » Il y a encore, faire l’amour : « les pulsations des reins amoureux », « la source du souffle court » s’énoncent avec justesse comme une des rares vérités qui soient.
L’homme inachevé
de Nissim Ézéchiel
Traduit de l’anglais pas Emmanuel Moses, Buchet Chastel, 136 pages, 10 €
Poésie En bref
février 2008 | Le Matricule des Anges n°90
| par
Marta Krol
Un livre
En bref
Par
Marta Krol
Le Matricule des Anges n°90
, février 2008.