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Théâtre Regards

février 2009 | Le Matricule des Anges n°100 | par Etienne Leterrier-Grimal

Soixante-trois regards

Berlin est un espace de dérive : immense, multiforme, peuplé de visages étranges dont aucun ne semble familier pour qui, comme Alice, recherche avant tout l’oubli. Le passé y rejoint le présent, tous les deux également insatisfaisant puisque le présent renvoie aussi au passé, celui de 1943, celui de 1989. Berlin est une ville gorgée de temps, sans cadastre, une ville que la jeune femme arpente et qu’elle cherche à dévisager tout au long de Soixante-trois regards, de Christophe Pellet, une pièce radiophonique écrite d’après une commande de France Culture.
Au long de la Linienstrasse se déroule un long monologue ou plutôt, un « flux de conscience », à mi-chemin entre poème et carnet de notes. Des passants, les silhouettes de bâtiments, des punks et des adolescents, des trottoirs et du goudron, des slogans tagués sur les murs que l’on devine en béton ou sur le tee-shirt d’un garçon, blond. Alice cherche l’oubli parce qu’elle se dispute avec son amant, ses pensées dans sa tête ressassent parfois une rage qui comporte son inévitable lot de fantasme et de violence. Il n’en demeure pas moins que Christophe Pellet construit ainsi, par déconstruction et dans le même geste, la ville et la femme : « le corps de cette ville redonne une forme au mien et le déforme tout en même temps ».
La pièce radiophonique est un genre à part puisque la scène étant absente, le drame n’a d’autre lieu pour se dérouler que le grain même de la voix. Christophe Pellet ne dit pas autre chose : « Seule la voix, la voix, peut-être, seule justesse possible. » Il faut donc que cette voix parvienne à incarner l’écriture, à traduire dans la musique des mots la mélancolie d’une errance urbaine. Soixante-trois regards porte en fait mal son titre : rien de plus entêtant ni de plus assourdissant que cette musique intérieure, que ces mots ressassés envers et contre « l’au-dehors », contre sa littéralité trouble.

soixante-trois regards
dE christophe pellet
L’Arche, 60 pages, 10

Le Matricule des Anges n°100 , février 2009.