Proverbe : revue dadaïste (février 1920 - juillet 1921)
Relire des revues anciennes est toujours une expérience nourrissante. Les rééditer à l’identique, sous forme de fascicules, est un gage de respect de leur identité, donc de leur volonté. Dans le cas de Proverbe, revue dadaïste menée par Paul Eluard de février 1920 à juillet 1921, un reprint est aussi une très bonne leçon d’histoire littéraire puisqu’on y découvre, presque comme si l’on y était, un épisode discret de la transmission des idées. Comme l’indique Dominique Rabourdin, le responsable de cette réédition, c’est ici que Jean Paulhan, alors jeune lettré de retour de Madagascar, mit en contact Eluard et André Breton. De là à dire qu’il est le personnage cardinal du siècle dernier, il n’y a qu’un pas. De fait, c’est également ici que le goût des mots, des phrases, des sentences concourut à l’édification d’une prose nouvelle qui offrait de nouveaux espaces à la littérature avec la participation de Péret, Ribemont-Dessaignes, Rigaut, Soupault et Tzara. « Adressez tout ce qui concerne Proverbe à M. Paul Eluard, 3, rue Ordener, Paris (XVIIIe) ». On ignore comment Tzara transmit le trou circulaire qui sert d’illustration (« La jeune fille. Bracelet de la vie ») au quatrième fascicule de Proverbe, on sait cependant que de Céline Arnaud à Paul Dermée, la plupart des revuistes « modernes » du temps furent de la partie. Imprimée recto verso sur des feuilles pliées en deux, Proverbe nous est parvenue par miracle : se réapproprier cette revue est aussi inespéré que les libres trouvailles qu’on y trouve : « Je n’aime pas les gens qui protestent ; faites votre testament. » Bref, une « revue pure et simple ».
Proverbe - Édition présentée par Dominique Rabourdin, Dilecta (4, rue de Capri 75012 Paris), 6 fascicules sous chemise, 25 €