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Domaine français Le Baiser de la nourrice

mars 2009 | Le Matricule des Anges n°101 | par Camille Decisier

Bienvenue à la Ville. Un enfer sans localisation précise, ultra-nationaliste et répressif à souhait, étouffé de brouillard, aux pavés résonnant d’un éternel cliquetis de pattes de chiens. Une nation-caveau puant le salpêtre, renfermant un peuple de trimeurs dont le seul loisir légal est le polissage sans fin de chaussures, « l’éclat des chaussures est comme un signal d’espoir dans la brume, une lumière rassurante, la certitude que le chemin s’achèvera comme toujours ». Tout au fond de la fourmilière, gros plan sur Azert, petit agent comptable de rien du tout parmi tant d’autres. À force de zèle, Azert rejoindra bientôt les rangs sanguinaires de la bestiale Milice de l’Ordre du Peuple, à la poursuite d’imaginaires « Barbares », tandis que ses parents, morts de faim, achèvent de se momifier dans le taudis familial. D’exactions en cirage de pompes, Azert se fait vite remarquer par l’enfant-tyran qui détient les clefs du royaume, sale petit blondinet capricieux devant lequel même les brutes se ratatinent. Soudain, la brillance du cirage ne sert plus à refléter la lumière, mais à injecter la douleur : promu tortionnaire en chef, Azert le bourreau a mis des bouts ferrés à ses souliers…
La cruauté peut être latente en chacun de nous ; Chavassieux nous la montre exaltée par un système social qui rend l’opprimé plus farouche encore que l’oppresseur. Né en 1960, Christian Chavassieux est un artiste polymorphe (écriture, illustration, scénographie, réalisation), accusant un penchant marqué pour la pseudonymie. Son Baiser de la nourrice, premier de ses romans publiés qui le soit sous son vrai nom, est un chant lancinant, une berceuse un peu sordide et poisseuse, une œuvre « poélitique » de grande force qui pointe l’insalubrité des hiérarchies iniques, l’anéantissement à demi consenti de l’homme par l’homme ; qui reflète, enfin, nos terreurs les plus sourdes et les plus intimes au point que, de loin en loin dans cette apnée en enfer, il faut reposer le livre et aller respirer l’air frais à la fenêtre, pendant qu’il en est encore temps.

Le Baiser de la nourrice
de Christian Chavassieux
Jean-Pierre Huguet éditeur, 157 pages, 15

Le Matricule des Anges n°101 , mars 2009.
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