Rennes a toujours la cote dans les différents sondages concernant les « villes-préférées-des-Français » : apparemment, il y fait bon vivre, étudier et sortir. Il est vrai que 60 000 étudiants donnent à la ville un air de jeunesse et de fraîcheur - même s’il s’agit d’une population par ailleurs assez volatile. Certains atouts objectifs expliquent aussi cette popularité : à deux heures en TGV de Paris, à une petite heure de Saint-Malo ou de Nantes, Rennes est bien placée géographiquement. Son centre historique forme un joli décor : le Parlement (victime d’un incendie spectaculaire, la nuit qui suivit la manifestation de marins pêcheurs en 1994, et rutilant aujourd’hui), la place de la Mairie, le vieux quartier autour de la rue du Chapitre, les rues piétonnes, les places Saint-Anne, Saint-Michel ou des Lices, bordées de terrasses pleines à craquer dès les beaux jours arrivés, tout cela participe de cette impression d’une douceur de vivre. Les mauvaises langues ont dit durant le long règne de Edmond Hervé (de 1977 à 2008) que Rennes assurait beaucoup sa vitrine et que la ville avait aussi ses zones moins coquettes. Mais être une des cités les plus attrayantes de France exige sans doute quelques petits accommodements avec la réalité.
La capitale bretonne est identifiée à juste titre comme la ville de la musique et des arts vivants : les Transmusicales, événement à portée nationale et internationale qui a fêté cette année ses 30 ans, assurent à Rennes sa réputation de « ville rock » ; et les festivals ou événements théâtraux ne manquent pas : sans même parler du TNB, scène européenne, où Stanislas Nordey assure la direction de l’école de théâtre et invite, dit-on, ses étudiants à une approche rigoureuse et littéraire des textes, Rennes fourmille de rendez-vous dédiés aux arts du spectacle : festival Mythos, Mettre en scène, Agitato mais aussi, pour les enfants, Marmaille et Coquecigrues. Ou encore, les Tombées de la Nuit qui investissent Rennes au début du mois de juillet. Et même si le TNB fait figure de monopole, les théâtres de la Paillette, de l’Aire libre, de L’Illico, les Ateliers du Vent, sans parler des itinérances du jeune collectif Lumière d’août, sont autant de lieux où le spectacle se vit dans ses différents états. Face à ces deux poids lourds, la littérature peine un peu à se faire entendre.
« Il faudrait réfléchir à d’autres formes d’événements : pourquoi pas une version adulte du prix Ado qui marche si bien, ou alors des Assises du roman comme à Lyon. »
Un art cependant tire son épingle du jeu, à tel point qu’on pourrait parler d’une école rennaise : la bande dessinée. Autour de la librairie Alphagraph’ située à deux pas de la place Saint-Anne, où les amateurs trouveront tout ce que la BD indépendante - française et internationale - compte d’intéressant, une pléiade de dessinateurs occupe la ville depuis plusieurs années. Nylso, Morvandiau, Sébastien Lumineau, Badame L’Ambasadrise, Vincent Pautonnier,...
Rennes Littératures à voix douce
Rennes ne manque ni d’atouts (un réseau dense de librairies de qualité, des éditeurs), ni de structures (Le Triangle, les Champs Libres, la Maison de la poésie) pour proposer une offre diversifiée. Mais sa vie littéraire, plutôt riche, semble paradoxalement morcelée et confinée, loin des autres disciplines culturelles comme les arts vivants, la BD et le rock. État des lieux.