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Domaine français Sous vide

avril 2009 | Le Matricule des Anges n°102 | par Camille Decisier

C’est l’histoire d’une disparition, à l’heure de la fermeture des bars. Agression. Chute. Trottoir. Choc. Bosse. Bien sûr, il aurait pu lui arriver pire. Il aurait pu perdre la mémoire, la vue ou même la vie. Mais le goût et l’odorat : quelle importance, au fond, pour un peintre ? C’est bien un peu embêtant en cas de fuite de gaz. En contrepartie ça lui développera peut-être les autres sens. De toute façon ça passera.
Force est de le constater : ça ne passe pas. L’homme à la bosse occipitale vient d’obtenir un passeport à validité indéterminée pour le triste désert de l’aseptisation. « Plus de goût. Plus d’odorat. Plus de truculence. Plus de jubilation. Plus de volupté. Plus d’osmose. » Plus rien. Ou si peu, ce qui est pire que plus rien : la vague rémanence de la saveur et de l’arôme, mais sans les mille nuances de leurs déclinaisons. Le chocolat est si insipide qu’il en devient insupportable. Sa propre haleine : néant. Le parfum de la campagne en été, pur souvenir. Les aliments se succèdent et se ressemblent, « sans distinction dans le rien ». À quelques exceptions près qui entretiennent parfois des mirages de retrouvailles gustatives, tel ce ravioli à la crevette (« ha kao miracoloso ») qui nourrira à lui seul, des mois durant, l’immense espoir de la guérison.
Sous vide est le récit d’une petite tragédie intime. On y apprend que l’absence de goût et d’odorat s’accommode plutôt bien du silence, qu’elle exacerbe le besoin de sensations physiques en même temps qu’elle émousse le désir sexuel et complique un peu son expression : « La mémoire des odeurs, semblable à l’évanescence des parfums eux-mêmes, rend les baisers encore doux, possibles. Néanmoins, je me sens frôler le baiser anatomique. » Avec une attention plus charnelle que clinique, Jean-Pierre Guillard visite l’étroitesse inouïe qui unit les cinq sens (jolis carambolages lexicaux entre les manières de dire le silence et l’agueusie). Un premier roman réussi, illustré de « dessins anosmiques » réalisés par l’auteur.

Sous vide
de Jran-Pierre Guillard
Les Fondeurs de briques, 98 pages, 14

Sous vide Par Camille Decisier
Le Matricule des Anges n°102 , avril 2009.
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