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Textes & images Comédie surhumaine

mai 2011 | Le Matricule des Anges n°123 | par Gilles Magniont

Deux véritables exercices critiques se penchent sur le temps qu’occupent les super-héros et leurs créateurs, entre éternité et dégradation.

Frank Miller, urbaine tragédie

La fin de Mythe et super-héros propose une chronologie : l’âge d’or des années 30 où naissent Superman et Batman, l’âge d’argent autour de 1960 où l’univers Marvel prend forme, l’âge de bronze pour la décennie suivante, quand s’invitent réalisme social et hybridations génériques, et enfin le « Dark Age » à partir de 1986 – année de The Dark Knight Returns (Miller) et Watchmen (Moore/Gibbons), fameuses relectures modernistes. Quoi qu’il en soit, il s’agit toujours de « héros de papier aux costumes bariolés et aux pouvoirs improbables » voués à ordonner le chaos, comme en leur antique temps Hercule&Co. Au sortir de la Dépression, scénaristes et dessinateurs, souvent immigrés ou réfugiés, modèlent cette incarnation larger than life du rêve américain ; suivront bien d’autres artistes appointés par l’industrie éditoriale, tel Jack Kirby (1917-94) grandiose pourvoyeur de figures amorales et épiques. Avec application et humour, Alex Nikolavitch rapproche ces figures des théories de Georges Dumezil ; il reconnaît aussi que tout n’est pas au mieux dans notre panthéon : « Le caractère périodique des aventures ne permet pas (…) la constitution de mythes achevés, terminés, structurés, chaque auteur apportant à l’édifice des pierres qui peuvent s’avérer contradictoires ». Les histoires sont dès lors condamnées à toujours redémarrer, l’univers super-héroïque à stagner, expansion feuilletonesque qui navigue à vue et d’où émergent cependant quelques œuvres essentielles, inversement appliquées à ressaisir et concentrer les archétypes.
Parmi ces œuvres, on retiendra celles de Frank Miller, à qui est consacrée une étude sous-titrée Urbaine tragédie. Né en 1957, c’est l’un des premiers à s’être échappé des kiosques pour connaître l’estime des libraires. Planches très construites où alternent scènes surdécoupées et gros plans sur des yeux exorbités, silhouettes en ombres chinoises et encrage tout en hachures, éclairages expressionnistes et petits blocs de texte pour nous immerger dans le cheminement mental du héros : son style graphique se voit de loin, de même que ses obsessions. Villes de perdition, cauchemars sociaux, omniprésence de la douleur, société du spectacle confite en névroses… et quelques tentations, ma foi, fascistes : Miller kiffe le chef, le corps, la jeunesse, le collectif. Jean-Marc Lainé ne cache pas cet aspect (non plus que les redites ou les fautes de goût du maestro), mais botte avec raison en touche : difficile de distinguer une idéologie cohérente dans une inspiration plus affective que conceptuelle, dans une écriture finalement romantique et privilégiant les paroxysmes. Voir en ce sens Sin City (1999), dont les protagonistes sont des « sentiments incarnés, qui dansent une valse folle en exprimant des sentiments cardinaux et ataviques » : ainsi Miller a-t-il trouvé sa voie royale pour remythifier des héros auxquels il rend leur forme intemporelle. Ceux qui arpentent les toits de « la cité du péché » portent certes les imperméables du roman noir : mais chez Miller, l’imperméable sait se confondre avec la cape.

Gilles Magniont

Mythe et super-héros
Alex Nikolavitch, 194 pages, 21
Frank Miller, urbaine tragédie
Jean-Marc Lainé, 212 pages, 23
Les Moutons électriques

Comédie surhumaine Par Gilles Magniont
Le Matricule des Anges n°123 , mai 2011.
LMDA papier n°123
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LMDA PDF n°123
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