Quatre textes plus un constituent cet ensemble : « Des rêves » ; « Une prophétie concernant l’état futur de plusieurs nations » ; « Des langues et particulièrement de la Langue saxonne » ; « Musæum Clausum ou Bibliotheca Abscondita », le tout précédé d’une introduction signée Bernard Senges et Pierre Hœpffner : « De l’invention verbale chez Thomas Browne & de quelques autres néologistes » – laquelle n’a au fond que peu à voir avec les textes de l’aveu même du traducteur : impossible de rendre exactement les trouvailles de Browne. C’est donc in medias res que le lecteur se trouve plongé dans un univers, qui, selon les jours et les humeurs, sera génial ou franchement pénible.
Thomas Browne naquit à Londres au début du XVIIe siècle, mourut en 1682, et entre-temps fut médecin et polygraphe : il écrivit de nombreux textes sur des sujets divers, sérieux ou non, et semble représenter un certain courant de la culture anglaise, curieuse, baroque et foisonnante. Les quatre textes sont en effet assez hétérogènes sur le fond et assez homogènement érudits pour faire apparaître la silhouette de Browne : de la discussion sur les rêves à la rêverie sur l’avenir, des mélanges des langues à la fantasmagorie, l’auteur projette des idées et des figures qui tantôt nous séduisent – « Batrachomyomachia, ou la bataille homérique entre les grenouilles et les souris, parfaitement gravée dans l’os de la mâchoire inférieure d’un brochet » – tantôt sont fortement frappées d’obsolescence mais toujours démontrent sa féconde industrie imaginative. Pour autant, ce nouveau goût contemporain pour les miscellanées – fricassées de textes sans trop de contextualisation et qu’on devrait savoir savourer pour eux-mêmes – reste d’un partage un peu restreint, un peu dandy, voire un peu copurchic.
Gilles Magniont
Des rêves et autres mélanges
Thomas Browne
Traduit de l’anglais par Bernard Hœpffner
Vagabonde, 94 pages, 12 €
Domaine étranger Browne sugar
novembre 2012 | Le Matricule des Anges n°138
| par
Gilles Magniont
Un livre
Browne sugar
Par
Gilles Magniont
Le Matricule des Anges n°138
, novembre 2012.