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Domaine étranger Le Veau (suivi de) Le coureur de fond

novembre 2012 | Le Matricule des Anges n°138 | par Franck Mannoni

Le Veau (suivi de) coureur de fond

À peine auréolé de son prix Nobel de littérature, Mo Yan, membre du Parti communiste chinois, a dû se défendre face aux attaques de l’artiste dissident Weiwei. Celui-ci lui reproche, notamment, de ne pas prendre fermement position contre les entorses aux droits de l’homme faites par le régime de Pékin. Certes, sur ce plan, Mo Yan n’a pas l’envergure politique d’un Liu Xiaobo, prix Nobel de la paix 2010, mais celui dont le pseudonyme signifie « celui qui ne parle pas », a choisi le terrain de la littérature pour porter une critique ironique sur son pays. Le Veau, suivi du Coureur de fond, deux textes écrits en 1998, en sont la plus fine illustration. Car pour être publié en Chine, Mo Yan doit ruser avec la censure. La construction en mille-feuille de ses récits, où s’entremêlent la peinture d’un monde rural, le portrait d’une administration rigide et des considérations historiques ciselées, hypnotise les faucheurs de textes. Son style, souvent cru et foncièrement bucolique, contribue grandement à ce flou artistique, qui lui permet d’échapper au couperet.
Dans Le Veau, il raconte ainsi la vie difficile d’un adolescent à la campagne. Responsable de trois veaux, qui viennent d’être châtrés, le jeune Luo Han doit veiller à leur convalescence. Malin, le berger est un observateur avisé des petites lâchetés des adultes. Il est le rouage inconscient d’une organisation sociale de classes, qui pousse chacun à la paranoïa : « Faudrait pas oublier qui tu es juste parce que tu as quelques gendres qui bossent à la commune populaire. Un qui tue les porcs, l’autre qui fait la tambouille. Avant la Libération, c’étaient des sales boulots, et aujourd’hui, ils font les fiers ». Des propos vite nimbés d’un halo apaisant, qui fait passer le lecteur d’un roman critique à un conte chinois venu de la nuit de temps : « L’odeur âcre du tabac fendit le parfum des fleurs de sophora comme une lame. La nuit était déjà avancée, les lumières du village étaient éteintes. Il n’y avait pas de lune, mais le ciel était rempli d’étoiles ». Dans cette Chine qui prônait un égalitarisme de façade, Mo Yan rétablit, en toute simplicité, la noblesse de l’être humain dans son individualité : « Nous n’étions pas beaux, ni les hommes ni les veaux, mais nous étions particuliers ».

F. M.

Le Veau
Mo Yan
Traduit du chinois par François Sastourné
Le Seuil, 227 pages, 18,50

Le Matricule des Anges n°138 , novembre 2012.